Si vous avez vu un film au TIFF cette année, vous savez qu'une exposition sur James Bond sera présentée au Bell Lightbox (le quartier général du festival) à partir du 26 octobre; vous savez aussi que Christie fournit les projecteurs numériques et que le son Dolby est « all aroud you ». Vous savez également que L'Oréal a réalisé une publicité très chic avec un quintette de mannequins particulièrement mal adaptée au public de cinéphiles (qui préfère être dans l'ombre, rappelons-le) qui se fait maintenant plaisir en tournant la publicité en dérision à chaque projection. Vous savez aussi que le TIFF remercie ses bénévoles avec une publicité amusante avec des caméos de Deepa Metha et de David Cronenberg et que le public applaudit chaleureusement les bénévoles à ce moment. Le public y va aussi de sa meilleure imitation de pirate (« Agrrr... ») lorsqu'un panneau indique que la projection sera surveillée et que tout enregistrement est interdit.
Si vous avez vu un film au TIFF cette année vous savez tout ça. Maintenant, si vous en avez vu 27... vous êtes particulièrement excédé par cette interminable introduction avant chaque film.
Les bilans quotidiens ont peut-être donné l'impression que je n'ai rien aimé de ces 27 films en onze jours. Ce n'est pas tout à fait exact; la grande majorité des films étaient intéressants à regarder, mais bien peu d'entre eux se sont démarqués. Le seul vrai mauvais film : Zaytoun, d'Eran Riklis. Le meilleur film? Probablement De rouille et d'os, de Jacques Audiard, qui a encore une fois réalisé un très grand film. La plus belle surprise? Sans hésitation Silver Linings Playbook, qui a d'ailleurs remporté cet après-midi le prix du public.
The Master et Disconnect se démarquent aussi du groupe, tout comme Amour. Des films stimulants, à revoir et à assimiler. The Place Beyond the Pines fait partie du peloton de tête à cause de ses deux premiers tiers absolument épiques qui sont probablement les meilleurs moments cinématographiques vécus ici. Dommage, le troisième tiers laisse un goût amer et voilà un autre film qui entre dans la catégorie des films satisfaisants plutôt que des films enthousiasmants. Looper est un très bon film d'action, mais ce n'est pas un chef-d'oeuvre.
Au fond, faut-il s'étonner qu'un festival sans compétition officielle, qui ne récompense qu'un « prix du public », propose surtout des films grand public conçus en fonction d'une large sortie en salles et choisis pour leur potentiel commercial? Cela s'explique peut-être par le fait qu'ici l'événement surpasse souvent le cinéma. Une autre chose apprise cette semaine...
Laurence Anyways, de Xavier Dolan, a remporté le prix du meilleur film canadien lors de ce festival, tandis que les films Antiviral, de Brandon Cronenberg, et Blackbird, de Jason Boxton, se sont partagé le prix du meilleur premier film canadien. Seven Psychopaths a quant à lui remporté le prix du public dans la catégorie « Midnight Madness ».
Dans la maison, de François Ozon, a remporté le prix FIPRESCI dans la catégorie « Présentations séciales » tandis que Call Girl de Mikael Marcimain qui est récompensé dans la section « Découverte ».
C'est peut-être par léger chauvinisme qu'on s'est demandé quelques fois ces derniers jours si Montréal serait capable de présenter annuellement un festival de cinéma de cette ampleur; mais on rejette maintenant officiellement la question. La réponse est non. La qualité et la taille de salles ici n'a pas d'équivalent à Montréal. Le TIFF Bell Lightbox, une tour de 46 étages inaugurée en 2010 au centre-ville propose cinq salles de cinéma sublimes. De l'autre côté de la rue, le Princess of Wales Theater et le Roy Thompson Hall présentent des premières mondiales. Deux rues au nord, le Scotiabank met 13 salles à la disposition du festival, dont les deux plus grandes ont plus de 550 places. Et c'est sans compter le Cineplex Yonge & Dundas, le Ryerson Theater, le Bloor Hot Docs Cinema et le Elgin Theater, où se tiennent aussi des projections. En clair : l'infrastructure de ce festival est impressionnante et incomparable.
Il faut cependant noter que le festival est surtout ce qu'il est à cause des cinq ou six premiers jours, alors que s'accumulent les projections attendues et les tapis rouges saturés de vedettes américaines et internationales. Par la suite, on a constaté une baisse de régime assez importante alors que de moins en moins d'acteurs et de réalisateurs accompagnaient leur film et étaient disponibles pour des entrevues (qui sont de toute façon réservées en priorité aux journalistes américains).
N'empêche, on sait qu'on a été très chanceux de rencontrer Jacques Audiard et Derek Cianfrance, deux réalisateurs particulièrement intéressants, au cours de ce festival. Et c'est sans compter Emily Blunt, Audrey Tautou, Patrice Leconte et Yvan Attal avec qui on a pu échanger quelques mots. Toutes ces entrevues vous seront présentées dans leur intégralité lorsque les films prendront l'affiche chez nous dans les prochains mois.
À l'an prochain!