Toronto est une ville de grande envergure, cela se sent et se voit partout. Dans les dizaines de salles de qualité disponibles à travers la ville, dans ses rues, souvent larges et rarement bouchées - excepté quand Ryan Gosling et Bradley Cooper arrivent sur le tapis rouge du Princess of Whales Theater et que les fans, installés de l'autre côté de la rue, se jettent sur eux; alors là, même les policiers n'y peuvent rien. Les taxis et le tramway peuvent bien s'impatienter, rien n'y fait.
Toronto est une grande ville pour les amateurs de cinéma cette semaine avec cet immense festival qui bat son plein avec des centaines de projections et des milliers de professionnels du milieu réunis. Toronto, c'est aussi une ville de sports, pas seulement de hockey - et avec raison, les Maple Leafs étant incapables de se qualifier pour les séries depuis des années - et on l'a bien vu depuis le début de la semaine avec des matchs des Blue Jays, des Argonauts, de Team Canada au soccer, etc. Tout ça en parallèle d'un festival de cinéma de calibre mondial. Et c'est sans compter les dizaines de tours d'habitation présentement en construction, partout en ville, qui s'ajoutent aux luxueux édifices qui sont déjà là.
C'est pour cela qu'on a été un peu étonné ce matin, vers 7h50, sur le chemin entre l'hôtel et le Scotiabank pour aller voir Silver Linings Playbook de David O. Russell, de se sentir comme dans 28 Days Later dans les rues désertes du centre-ville, là où habituellement ça grouille de monde. Pas une voiture en vue, à peine quelques piétons et au loin un taxi. Même ici, c'est dimanche, après tout...
Ce Silver Linings Playbook, qui prendra l'affiche le 21 novembre prochain, est certainement le film le plus agréable de ce festival jusqu'à maintenant; le premier d'ailleurs à s'être mérité des applauddissements à la fin parmi ceux auxquels on a assisté en projection de presse. Cette charmante comédie romantique juste assez décalée est mignonne comme tout (Jennifer Lawrence, quelqu'un?). Sans être révolutionnaire elle parvient à jouer avec humour avec les obligations de ce type de film; Bradley Cooper va même jusqu'à réclamer une fin heureuse en pestant contre Hemingway. Vraiment, une très belle surprise.
Cet après-midi, on a vu Inch'Allah, le nouveau film d'Anaïs Barbeau-Lavalette. Un visionnement qui laisse perplexe : qu'a donc voulu dire la réalisatrice dans cette oeuvre sociale campée à la frontière entre Israël et la Palestine? Souhaitons qu'il ne s'agisse pas d'un énième appel à l'unité entre les peuples; cette Chloé, une Québécoise qui a des amis des deux côtés de la frontière, comme médiatrice d'un conflit au Moyen-Orient? Cela devient vite insensé, surtout lors de la finale. Son choix est-il aussi le choix de la réalisatrice? Quelle signification ce geste donne-t-il au film?
Le regard, qui passe par une héroïne et qui s'intéresse particulièrement aux destins féminins, ne cerne jamais véritablement les enjeux si bien que le film devient une réflexion poético-philosophique lente et souvent aride. De nombreux plans inutiles (faussement poétiques) viennent alourdir un récit où il ne se passe pas grand-chose et un symbolisme élémentaire (c'est un enfant qui fait un trou dans le Mur, les enfants c'est beau; une Palestinienne met du rouge à lèvres donné par une Israëlienne, etc.) vient diminuer son impact et sa maturité. D'autant que le récit est particulièrement prévisible et qu'on ne parvient pas à maintenir la tension très longtemps. La caméra semble d'ailleurs aussi égarée que l'ensemble, toujours à la recherche de quelque chose, de LA chose. Celle qui manque apparemment à ce film.
Inch'Allah prendra l'affiche au Québec le 28 septembre.
À demain!