On sent déjà que cette 37e édition du TIFF tire à sa fin : la plupart des collègues québécois sont rentrés à Montréal (ou à Québec) et l'offre se fait de plus en plus mince dans les projections de presse. Même les vedettes se laissent désirer sur les tapis rouges et dans les différents événements promotionnels, qui sont bien moins nombreuses et courues qu'au début du festival. Les réalisateurs québécois sont cependant à l'honneur présentement tandis que Rafaël Ouellet est en ville pour présenter son Camion, Xavier Dolan pour Laurence Anyways, Kim Nguyen pour Rebelle et Manon Briand pour Liverpool. Bernard Émond était ici jusqu'à tout récemment pour son nouveau film, Tout ce que tu possèdes.
Hier soir, on a vu Le magasin des suicides, du réalisateur français Patrice Leconte, un film d'animation musical portant sur la Maison Tuvache, spécialisée dans les outils nécessaires pour réussir son suicide. Évidemment, c'est satisfaction garantie ou argent remis. Voilà un film qui promettait d'être étrange et qui l'est; vous savez, on parle parfois de comédies dramatiques où on peut pleurer à certains moments et rire à d'autres? Dans ce film, on le fait en même temps; on superpose à l'infinie tristesse de ces gens désespérés qui veulent mourir un humour noir qui frappe fort et de jolies chansons bien rythmées (et bien interprétées). C'est particulièrement déstabilisant et c'et assez stimulant, au moins dans un premier temps, alors que le film est inventif et dynamique. Malheureusement, la deuxième partie du film s'avère plus laborieuse, longue et redondante. Comment pourrait-on traduire en français l'expression « Get it done already! »?
Ce qui nous mène à un autre problème : qui ira voir ce film? Sous-question : quel(s) parent(s) emmènera son enfant voir un film qui décrit (avec humour, mais quand même) à peu près tous les moyens pour se suicider? Lors de notre rencontre ce midi, Patrice Leconte a parlé de projections-test faites auprès d'enfants qui ont l'âge du personnage central du film, 8 ou 9 ans : « Les enfants, ça ne les angoisse pas du tout, ça les fait rire. Ils sont même plus décontractés que les adultes sur ces sujets-là. En plus, ils peuvent s'identifier au personnage, qui lui trouve que le monde est trop triste et que les adultes sont trop sérieux. » Notre entrevue complète sera publiée dans le cadre de la sortie du film, prévue en 2013.
On a aussi vu Passion, le plus récent Brian de Palma, qu'on allait voir sans savoir qu'il s'agissait d'un remake en anglais du film Crime d'amour, d'Alain Corneau. Rependant le même revirement dramatique mais dans un autre contexte, le film est bien bâti malgré certaines circonstances forcées (comme dans l'original, ce qui prouve que c'est en quelque sorte le sujet du film). Les actrices sont efficaces et les dialogues acérés; la grande qualité de ce film est que les personnages sont intelligents. De Palma démontre beaucoup de créativité, eut-être trop en fait; l'interminable finale semble être une blague tellement elle est « depalmienne ». On l'imagine vraiment rire de bon coeur en la montant.
On a ensuite pris une décision aléatoire en restant pour voir Disconnect, d'Henry-Alex Rubin, un drame social autour de la technologie. La réalisation maîtrisée et le scénario fort, particulièrement émouvant lors de la finale, font de ce film une des belles surprises de notre festival jusqu'à maintenant, d'autant qu'on traite la présence des technologies (téléphones intelligents, Facebook, etc.) de manière crédible. Le réalisateur sait comment créer des scènes et des images fortes. Dommage que le récit soit miné par quelques clichés. Dans l'ensemble, une très belle surprise que ce film.
À demain!