D'emblée, on peut dire que la situation des sans-abris et l'aide humanitaire de l'Église catholique ne sont pas les sujets les plus réjouissants à exploiter à l'écran. Ainsi, on redoutait l'imperméabilité et la rigidité du nouveau film de Louise Archambault, mais, malgré ses sujets denses, Le temps d'un été renferme beaucoup de lumière et d'humour.
On suit Marc Côté, aumônier de rue et curé depuis plus de 25 ans, qui hérite d'un domaine sur une vaste propriété dans le Bas-Saint-Laurent et décide d'y amener les itinérants qui vivent dans son église pour l'été afin que ceux-ci profitent de vacances salvatrices loin de la ville. Ainsi, avec sa fidèle acolyte, Soeur Monique (Élise Guilbault), il s'engage dans une aventure hors norme qui bouleversera le quotidien des habitants de la petite ville de Sainte-Luce. Ceux-ci n'accueilleront pas tous ces gens différents de façon amicale, à commencer par François Riendeau, joué par Sébastien Ricard.
Ce personnage est d'ailleurs le seul vraiment détestable du film. Le reste de la ribambelle, créée par Marie Vien, est aussi coloré qu'attachant. On craque particulièrement pour Angel (Marc-André Leclair), une transgenre anglophone dégourdie qui joue à l'infirmière pour Molo (Pierre Verville), un homme abîmé physiquement. Ce duo livre d'ailleurs certaines des scènes les plus déchirantes et délicates du film. La religieuse qu'interprète Élise Guilbault s'avère aussi extrêmement touchante. On croit en ce personnage plus qu'en celui de Patrice Robitaille. Est-ce son âge, son look propre et fringant ou son attitude trop décontractée? Dur à dire, mais il y a définitivement quelque chose qui accroche dans cet humanitaire sans faille d'à peine 45 ans.
Quand on se penche sur autant de personnages, on peut rapidement tomber dans l'anecdote, mais le montage ici sait transmettre l'essentiel. Il y a bien quelques extras moins nécessaires, mais ceux-ci embellissent l'histoire plutôt que de l'allourdir. Le message d'acceptation, d'entraide et de tolérance ne nous est pas infligé. On le comprend et l'assimile au fil de rencontres et d'occurrences. Les images de Louise Archambault valent le détour. Le ciel de la Gaspésie offre une toile de fond incroyable aux tribulations des protagonistes. La lumière paraît toujours parfaite, sacro-sainte.
On croyait avoir affaire à un film obscur et lourd, mais il s'agit finalement, au contraire, d'une oeuvre radieuse et allègre. Si Le temps d'un été nous a appris quelque chose, c'est de ne pas se fier à nos préjugés et présomptions.