En 2020, Leigh Whannell avait retenu l'attention avec son adaptation audacieuse de L'homme invisible. Et voilà que le cinéaste remet ça avec Loup-garou (version française de Wolf Man), autre tentative de la Universal de moderniser son répertoire de monstres classiques en les incorporant à un contexte dramatique tangible - et malheureusement toujours d'actualité.
Contrairement au principal intéressé, nous ne vous ferons pas perdre votre temps : le résultat est beaucoup moins concluant cette fois-ci.
Après la violence conjugale, Whannell s'attaque cette fois-ci aux traumatismes de l'enfance et à la masculinité toxique - qu'il aborde d'une manière on ne peut plus littérale.
La séquence d'ouverture est pourtant saisissante. Le cinéaste nous amène à la rencontre d'un père rigide et surprotecteur et de son fils Blake, alors qu'ils s'aventurent au milieu des bois pour chasser le cerf. Mais avant qu'ils puissent ramener quelques provisions de viande à la maison, le duo est subitement attaqué par une étrange et féroce créature.
Whannell joue parfaitement la carte de la retenue tout au long de cette entrée en matière, alimentant la tension par un découpage efficace et une absence totale d'artifices.
Puis, nous sommes catapultés trente ans plus tard, où nous retrouvons Blake (Christopher Abbott), désormais père de famille et habitant la grande ville.
Lorsque la mort de son paternel est confirmée, Blake doit se rendre au fin fond de l'Oregon pour faire le ménage de la propriété du défunt. Une occasion dont il espère profiter pour passer du bon temps avec sa fille Ginger (clin d'oeil à Ginger Snaps?), et tenter de se rapprocher de son épouse Charlotte (Julia Garner).
Mais en cours de route, le trio est subitement attaqué par une étrange et féroce créature. Blake est blessé, et semble de plus en plus faible. Ce dernier demeure néanmoins prêt à tout pour protéger sa famille. Mais tout porte à croire qu'il pourrait lui-même devenir le plus grand danger pour la prunelle de ses yeux.
L'une des premières choses que Blake exprime clairement, c'est le genre de figure paternelle qu'il désire être pour sa fille, ne voulant pas perpétuer les méthodes d'éducation plus strictes, voire militaires, qu'il a dû endurer dès son plus jeune âge. Quelques instants plus tard, Whannell dévoile la façon tout sauf subtile dont il désire jouer la carte de la subversion en ce qui a trait aux rôles classiques incarnés par chaque parent.
Le problème, c'est que le réalisateur n'a finalement pas grand-chose à dire sur son sujet au-delà de l'évidente métaphore qu'il met en image. Dès lors, Loup-garou étire inutilement une prémisse qu'un film semblable sorti dans les années 1980 aurait su résumer en quelques minutes pour l'utiliser comme simple entrée en matière.
Entre les séquences mal éclairées, les situations répétitives et les analogies un tantinet trop forcées, il ressort de Loup-garou un discours ambigu, souvent contradictoire, et même teinté d'hypocrisie.
Les interprètes - pourtant talentueux - n'ont pratiquement rien à se mettre sous la dent dans cette proposition si prévisible qu'elle génère à peine au final le strict minimum de frayeur et de suspense.
La facette du scénario trempant davantage dans le gore et le « body horror » s'avère plus convaincante, débouchant bien sur quelques très bonnes idées de mise en scène, surtout en ce qui a trait à l'incommunicabilité entre le père transformé et ses êtres chers. Mais le tout apparaît ultimement comme une autre occasion ratée d'élever l'ensemble vers quelque chose d'un peu plus substantiel.
Il n'y a pas de mal à vouloir renouveler une formule usée en effectuant un virage à 180 degrés. Mais nous ne sommes pas plus avancés quand l'artiste aux commandes n'a rien de mieux à proposer pour remplacer tout ce qu'il s'est évertué à tasser du revers de la main - ou de la patte, c'est selon.