Le drame romantique est un style particulièrement apprécié par les cinéphiles (féminines – ai-je vraiment besoin de la préciser?). Le plus récent film de ce type – The Vow –, qui a pris l'affiche sur les écrans en février dernier, a récolté 124 millions $ en Amérique du Nord, un chiffre grandement respectable en vue de son mince budget de 30 millions $. The Lucky One, inspiré des écrits de l'auteur à succès Nicholas Sparks (entre autres derrière A Walk to Remember et l'inoubliable The Notebook), perpétue la tradition de l'histoire d'amour inespérée dans des conditions incroyables avec des protagonistes aux attraits physiques désirables. Dans cet esprit, Zac Efron – suffisamment stoïque, mystérieux et attachant pour charmer n'importe quelle femme un peu rêveuse - et Taylor Schilling - délicate, charmante - remplissent adéquatement leurs rôles d'amants fiévreux à la recherche d'un idéal. Bien que leur jeu respectif frôle parfois l'artifice d'un soap américain, il en reste assez d'humanisme et de sensibilité pour convaincre leur public, friand d'idylles passionnées et de fins heureuses.
Évidemment, The Lucky One utilise, à satiété, tous les clichés du genre; la magie du destin, la découverte de soi à travers l'autre, les répliques romantiques aux limites de l’insupportable (« On devrait t'embrasser chaque jour, chaque heure, chaque minute », vraiment?) et les moments de frivolité, de ricanement sous une musique pop entraînante et pleine de faux espoirs. Mais sans tous ces poncifs, sans ces stéréotypes réusinés qui nourrissent une suprême utopie, ces films perdraient tous leur sens. Alors (en tant que critiques ou toute autre personne forcée de souffrir ces rengaines pathétiques; donc, les hommes), on les supporte et on espère qu'ils seront, cette fois, moins nombreux et assommants que la précédente. The Lucky One propose un rythme tout de même bien cadencé, ce qui permet aux spectateurs de ne pas s'attarder trop longtemps sur ces nombreux (et désolants) clichés.
L'un des problèmes fréquents que l'on retrouve dans ce genre de production est la définition très explicite des adjuvants et des antagonistes. Le méchant ne peut pas tout simplement être hautain ou malintentionné, il doit être batteur de femme, jaloux, traître, infidèle, père indigne, ami malhonnête et contrôler, grâce à sa famille riche et son emploi de policier, la ville tout entière. Quelques secondes après que l'on nous ait présenté le personnage, le cinéphile habitué aux fioritures des drames romantiques sait qu'il n'y a que deux avenues possibles à ce personnage; la mort ou l'absolution honorable de ces péchés. Je ne vous dévoilerai pas de « punch », mais indice : c'est du Sparks...
The Lucky One n'est pas moins efficace, ni moins percutant que les oeuvres précédentes inspirées de roman du même genre, mais, ne les surpassent aucunement. Beaucoup d'incongruités dans l'histoire de ce soldat qui trouve la photo d'une femme et qui, grâce à cette dernière, échappe à une explosion sur le champ de bataille, vont à l'encontre du réalisme et font, à plusieurs moments, décrocher le spectateur (pourquoi tant d'émoi autour d'une photo? Pourquoi les thèmes de trahison et de malhonnêteté sont-ils associés à cette banale image qui n'a fait que guider le personnage principal?). Mais n'est-ce pas là le but premier de ce genre de film; décrocher?
Bien que leur jeu respectif frôle parfois l'artifice d'un soap américain, il en reste assez d'humanisme et de sensibilité pour convaincre leur public, friand d'idylles passionnées et de fins heureuses.
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