Un homme d'un certain âge entame une conversation d'une honnêteté radicale avec un jeune fils de riche arrogant et méprisant au sujet de son espérance de vie qui vient de passablement diminuer.
La raison? Les activités de ce dernier ont mis en colère la mauvaise personne. Une véritable machine à tuer qui a décidé de sortir de sa retraite, et qui n'arrêtera jamais sa route vers le sommet de la chaîne alimentaire pour se faire justice.
Bref, vous aurez compris que Jason Statham a désormais son John Wick.
Le personnage d'Adam Clay que ce dernier interprète dans le présent The Beekeeper de David Ayer (Fury, Suicide Squad) se montre toutefois ouvert à faire couler des litres de sang pour le bien commun - et non pas que pour assouvir une vengeance personnelle.
Avant ce moment fatidique, ce dernier vivait une vie paisible d'apiculteur en bordure du terrain d'Eloise, une vieille dame qui l'avait pris sous son aile depuis quelques années. Lorsque cette dernière met subitement fin à ses jours après avoir été victime d'une importante fraude financière, Adam déterre son passé d'agent surentraîné d'une puissante organisation clandestine afin de faire payer le prix à tous les responsables de cette tragédie.
Tandis qu'il tente de remonter jusqu'à l'une des sources du mal qui ronge l'Amérique, Adam est traqué par la fille d'Eloise, une agent du FBI dont les allégeances seront mises à rude épreuve.
Avec The Beekeeper, le scénariste Kurt Wimmer revisite sensiblement les mêmes thèmes qu'il avait abordés avec Law Abiding Citizen. Des injustices se produisant à la vue de tous aux limites d'un système ne pouvant y remédier découle la hargne d'un homme capable d'employer la méthode forte pour accomplir ce que des autorités menottées ne peuvent pas.
Évidemment, dans la foulée, le personnage de Statham empile les cadavres d'individus s'étant rangés du mauvais côté de la décence humaine d'une manière toujours musclée et très créative.
C'est le cas classique d'un propos qui est loin d'être dépourvu de sens sur papier, mais qui est livré d'une manière jouissivement idiote en ne s'autorisant jamais à aller guère plus loin que le premier degré.
Ayer et Wimmer ne mettent d'ailleurs pas de gants blancs pour rendre lesdits fraudeurs - dont le film favori est visiblement The Wolf of Wall Street - aussi abjects que possible. Déjà que le choix de l'exploitation de la naïveté des personnes vulnérables était un bon point de départ pour toucher quelques cordes sensibles chez le spectateur.
Le duo ne se gène pas non plus pour constamment légitimer les méthodes de leur protagoniste, proposant un défoulement collectif particulièrement sadique comme un baume aux actants d'un monde qui ne tourne définitivement pas rond.
À cet égard, les principales séquences d'action remplissent leurs promesses, se permettant de dépasser juste assez la limite, tout en en maîtrisant - la plupart du temps - les dérapages et les excès.
Mais contrairement à la plupart des opus dont il tire son inspiration, The Beekeeper situe malheureusement tous ces éléments à l'intérieur d'un univers filmique on ne peut plus générique, et ce, malgré ses nombreux flirts avec le récit de complot politique.
De son côté, Jason Statham demeure égale à lui-même, insufflant toute la présence désirée à ce personnage froid, cruel et méthodique (mais néanmoins très empathique) en nous convaincant qu'il peut effectivement passer à travers des hordes de mercenaires et d'agents spéciaux armés jusqu'aux dents sans trop accumuler d'égratignures.
Dans le rôle de la fille d'Eloise, Emmy Raver-Lampman semble avoir oublié que son personnage vient tout juste de perdre sa mère, tandis que Josh Hutcherson se révèle suffisamment détestable dans le rôle du riche héritier se souciant peu des individus ne portant pas sa tignasse décolorée et ses vêtements instagrammables.
Au final, The Beekeeper est un film de série B manichéen qui ne se casse pas la tête, et qui exige que vous fassiez de même. Les fans de l'ami Statham y trouveront leur compte, sans toutefois en garder de grands souvenirs.
Nous accordons également des points pour le jeu de boisson qu'il y a à faire avec chaque mention d'une des particularités d'une abeille, ou d'une métaphore tournant autour de la dynamique de la ruche.