Très peu de grands films prennent l'affiche en début d'année - les étudiants retournent en classe, les cinéphiles ont déjà consommé suffisamment de cinéma pendant les fêtes et la période d'éligibilité aux prochains Oscars s'est fraîchement achevée. De planifier la sortie d'un long métrage en début janvier constitue donc, règle générale, la confession secrète d'un studio de l'incompétence de son produit. Les bonnes années de Nicolas Cage sont derrière lui; il ne faut pas être un professionnel du cinéma pour en arriver à cette navrante conclusion, et bien que ses plus récentes apparitions au grand écran (The Sorcerer's Apprentice et Kick-Ass) nous ont rappelé sa prestance de jadis, La sorcière noire nous ramène rapidement à l'inéluctable vérité: le pauvre homme continue de s'associer à des projets sans avenir pour ne pas tomber piteusement dans l'oubli. Parce qu'il faudrait avoir de solides arguments pour me convaincre qu'à la lecture du scénario, l'acteur a cru un instant au succès possible de cette oeuvre ennuyante et risible.
Les chevaliers Behmen et Felson ont abandonné les croisades pour des motifs moraux et s'aventurent depuis dans le pays, envahi par la peste. En s'arrêtant dans un village pour y trouver pitance et repos, les deux hommes se font démasquer et sont enfermés dans un cachot. Connaissant leur passé héroïque, le cardinal d'Ambroise leur demande d'escorter une sorcière jusqu'à une abbaye où elle pourrait être jugée et, si elle est trouvée coupable, punie pour ses crimes, dont celui d'avoir imposé la peste aux hommes. Les deux chevaliers, accompagnés par quelques êtres de foi et de loi, parcourent donc forêts et vallées pour l'amour de Dieu et celui des hommes.
Le récit se déroule au 14e siècle; une période historique riche et pertinente qui peut, lorsqu'elle nous est amenée avec intelligence, engendrer d'importants débats sur la religion et la cruauté humaine. Mais ici, on choisit plutôt de nous ressasser une histoire de sorcières et d'êtres démoniaques qu'on a entendue mille fois et qui ne nous impressionne plus depuis longtemps. Les loups mangeur d'hommes, les yeux exorbités d'une adolescente réfractaire et les visages d'hommes défigurés par la peste ne sont pas suffisants pour alarmer le public, endurci depuis longtemps à la violence physique.
Le traitement visuel laisse également à désirer. L'image est, la plupart du temps, trop sombre et imperméable pour maintenir l'attention du spectateur. On se perd dans cet univers lugubre qui s'entête à cultiver naïvement un sentiment de peur, d'inquiétude. L'oeuvre est également parsemée de répliques candides, qui se veulent amusantes, mais qui ne font qu'appauvrir le récit, anéantissant le peu de crédibilité que possédait initialement le long métrage. De voir Ron Perlman assommer une jeune femme d'un coup de coude et Nicolas Cage d'ajouter : « Ça c'est un tranquillisant », c'est descendre bien loin dans le crétinisme.
Il ne faut pas être médium, ni même perspicace pour prévoir l'échec lamentable de La sorcière noire au box-office. Peut-être ce film est-il un bon exemple de déceptions cinématographiques qui encouragent les producteurs hollywoodiens à investir dans des scénarios adaptés. Il est vrai que le cinéma américain a de moins en moins recourt à des textes originaux et, si les projets qu'on leur présente ressemblent tous à La sorcière noire, je comprends et encourage l'adaptation.
Le traitement visuel laisse également à désirer. L'image est, la plupart du temps, trop sombre et imperméable pour maintenir l'attention du spectateur. On se perd dans cet univers lugubre qui s'entête à cultiver naïvement un sentiment de peur, d'inquiétude.
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