Inspiré du roman éponyme d'Angie Thomas, The Hate U Give renferme un courage, une détermination et un caractère séditieux que le cinéphile peut ressentir jusque sous les pores de sa peau, peu importe la couleur de celle-ci.
Cette force émotionnelle s'explique en grande partie par l'interprétation sensible et bouillonnante d'Amandla Stenberg. Celle-ci incarne une étudiante de 16 ans du nom de Starr qui devient la seule témoin du meurtre de son ami noir par un policier blanc. Le personnage est grandement affecté par les évènements et se transforme tout au long du film. L'actrice Amandla Stenberg parvient habilement à nous faire comprendre la lente métamorphose opérée par son alter ego. Impossible de détourner le regard de cette fille de plus en plus courroucée qui exige que justice lui soit rendue.
On apprécie beaucoup que le film ne propose pas qu'une seule avenue. Certes, c'est davantage le point de vue de Starr qui y est abordé, mais les décisions qu'elle prend ne sont pas présentées comme incontestables. L'oncle policier noir, qui croit au système de justice malgré la couleur de sa peau, apporte des réserves quant à la condamnation abrupte que fait la protagoniste de l'homme de loi responsable de la mort de son ami. Le petit ami blanc de l'adolescente vient également nuancer certains propos radicaux, tout comme le père, qui insiste pour que sa fille s'exprime si elle en sent le besoin, mais qui craint a posteriori pour sa sécurité.
Au contraire de bien d'autres productions qui se complaisent dans de longues envolées dramatiques futiles, toutes les 133 minutes de The Hate U Give nous paraissent nécessaires. Le réalisateur George Tillman Jr. nous propose des scènes domestiques d'une puissance inouïes, suivies par des séquences d'action intenses. Ensemble, elles forment un tout efficace et crédible. Le racisme, thématique principale de la production, est abordé ici sans l'utilisation perverse des stéréotypes de base. Un film comme celui-ci encourage à la réflexion et pourrait bien générer nombre de discussions dans les salons. Comme il s'agit, à la base, d'une oeuvre « pour adolescents », le thème n'est jamais trop appuyé ou complexifié.
Le long métrage, qui renferme plusieurs références culturelles amusantes, se permet d'aborder un sujet important sans être ébloui par l'idée de convaincre ou d'endoctriner. C'est probablement, d'ailleurs, justement pour cette raison qu'il parvient à nous toucher autant... parce qu'il ne cherche pas à nous convertir ou nous sermonner.