Bien que l'on parle davantage de Roman Polanski pour ses problèmes avec la justice américaine que pour ses oeuvres présentement, on ne peut nier le talent de l'artiste, son imaginaire atypique et la constance dans son art. L'idée pas de juger ses erreurs passées, ni ses actions présentes, mais bien d'étudier les aptitudes cinématographiques de l'une de ses productions, qui mérite incontestablement certains éloges. À l'image d'un film d'Alfred Hitchcock dans sa forme - nommément Rear Window ou Vertigo - et d'un roman d'Agatha Christie dans son fond, son contenu, le nouveau long métrage de Polanski intrigue et fascine à la fois. Le montage son - et quelques plans de caméra - rappellent les vieux classiques des années 50 alors que les allégations politiques soulevées dans le film sont très actuelles. Établissant une discordance salutaire dès ses prémisses, le long métrage, qui parfois nous rend perplexe, requiert - et mérite - une écoute attentive.
Après la mort suspecte de l'auteur des mémoires de l'ancien premier ministre britannique, la compagnie d'édition est forcée d'engager un nouveau prospect pour terminer le livre. Un jeune homme, que l'on surnomme « le nègre » puisqu'il rédige le bouquin, mais son nom n'apparaîtra pas sur l'oeuvre finale, est alors affecté à la tâche. Il se rend donc dans la résidence d'Adam Lang sur le continent américain pour poursuivre le travail de son prédécesseur. Très vite, il prendra conscience de la valeur de sa tâche et des dangers qu'il court en l'accomplissant.
Même si le spectateur est souvent dérouté, voire dépassé, par cette affluence d'informations, d'indices, que le cinéaste nous révèle à petites doses, l'histoire n'en est pas moins absorbante et pertinente. Difficile de déterminer la problématique centrale du long métrage puisque tout prend plus ou moins son importance au cours du récit; la politique, le terrorisme, la loyauté, la solitude, la détermination. Il aurait peut-être été préférable à certains moments de ne moins s'égarer dans des détours superflus, de centraliser l'attention de l'auditoire sur le noeud de l'histoire, mais Polanski a cette habitude - non moins noble - de tenter une amorce de réflexions, d'affûter le discernement de l'auditoire, et s'il est nécessaire pour cela d'étirer la narration, de l'approfondir, c'est un moindre mal.
Le montage sonore prend une place importante dans le nouveau film du réalisateur de Chinatown, lui imposant une ambiance particulière, subjective. Hitchcock, le « maître du suspense », se servait également de la musique pour donner un ton angoissant à ses oeuvres; une influence profitable à laquelle Polanski semble avoir recours. Certains des personnages secondaires - le jardinier, les gardes du corps – sont, comme dans plusieurs classiques de l'horreur, fantomatiques, inquiétants, intensifiant ainsi le sentiment d'étrangeté, nécessaire dans ce genre de productions.
Même si le personnage principal prend des décisions parfois déraisonnables, comme se transformer soudainement en journaliste d'investigation, le film n'en est pas moins efficace et cohérent. Ewan McGregor prouve une nouvelle fois qu'il est un brillant acteur, de même que Pierce Brosnan qui embrase l'écran de son unique prestance. À noter également la sublime performance d'Olivia Williams dans le rôle de la femme - éprouvée - et du mentor de l'ex-président.
L'écrivain fantôme est davantage qu'un simple divertissement (sans discriminer le « simple divertissement » qui je crois a son rôle à jouer dans la cinématographie), c'est un film qui fait réfléchir, spéculer, considérer - les faits comme les hypothèses. Le réalisateur d'origine française, malgré toutes les injonctions et les présomptions, nous prouve une nouvelle fois la force réflexive du cinéma, la puissance du septième art.
L'écrivain fantôme est davantage qu'un simple divertissement, c'est un film qui fait réfléchir, spéculer, considérer - les faits comme les hypothèses. Le réalisateur d'origine française, malgré toutes les injonctions et les présomptions, nous prouve une nouvelle fois la force réflexive du cinéma, la puissance du septième art.
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