********* Le film In the Heights est disponible en version originale anglaise et en version française dans les salles dès le jeudi 10 juin. ********
La comédie musicale n'est pas un genre qui plaît à tous. Ce ne sont pas tous les cinéphiles qui embrassent le mélange (parfois inusité) de chansons et de dialogues. Il faut définitivement être un adepte de ce style de production pour apprécier In the Heights parce que le film s'assume pleinement. Une fois qu'on accepte son genre et ses conventions, il est beaucoup plus facile d'embrasser sa candeur et sa folie.
Inspiré d'une comédie musicale éponyme de Broadway, créée par Lin-Manuel Miranda (qu'on voit d'ailleurs dans le film sous les traits d'un vendeur de glace), In the Heights raconte les tribulations d'une communauté latino-américaine de New York. On suit Usnavi, le propriétaire du dépanneur du coin qui rêve de retourner dans sa République dominicaine natale, Vanessa, qui rêve de faire carrière dans le monde de la mode, Benny, un employé d'une entreprise de taxi tenue par le père de Nina, une jeune femme qui fait partie des rares chanceux à fréquenter une prestigieuse université. Tous ses personnages colorés forment un clan tissé serré. En pleine canicule estivale, ils seront tous forcés à prendre des décisions déterminantes pour le reste de leur vie.
La direction artistique s'avère particulièrement épatante. Décors, costumes, coiffures, maquillages : tout est impeccable. Aussi, la musique est entraînante et les chorégraphies sont colorées et envoûtantes; impossible de ne pas se dandiner un brin sur son siège sur ses airs irrésistibles. On ajoute à ça des effets spéciaux modernes et des comédiens talentueux (Anthony Ramos crève l'écran dans le rôle d'Usnavy) et on obtient une adaptation irréprochable. On peut dire que Jon M. Chu a fait du vrai bon boulot!
Le principal problème du film ne vient pas de l'adaptation, mais plutôt de l'oeuvre en soi. In the Heights n'a pas de filon narratif à proprement parlé. Bien qu'on suive plusieurs petites histoires, il n'y a rien pour nous tenir en haleine, pour nous permettre de rester accrocher au film pendant ses 143 minutes (2 h 23). Sur scène, la magie opérait peut-être sans qu'on ait besoin d'attaches, mais la version cinématographique manque définitivement de colle pour que les différents éléments tiennent ensemble sans effort.
Malgré tout, In the Heights est une introduction parfaite à cet été déconfiné qu'on espère tant. Vous sortirez de la salle en effectuant quelques pas de salsa dans les corridors du cinéma, le sourire aux lèvres. N'est-ce pas là le signe d'une réussite?