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Nulle part.
Il est peu probable que « D’où l’on vient » connaisse un grand succès hors des Etats-Unis et des pays latins (et encore). En effet, pour l’apprécier il faut déjà être client des comédies musicales (ce qui est loin d’être le cas de tout le monde) et adhérer aux codes inhérents et singuliers à ce genre si particulier qui voit les personnages chanter tout ou partie de leurs dialogues et se mettre à danser sans crier gare. Mais ici la production se rajoute un obstacle encore plus clivant : il faut également être fan des musiques de type latines et s’intéresser un peu aux traditions de la communauté caribéenne pour pouvoir l’apprécier davantage. Si aucune de ces deux conditions n’est remplie, pas sûr que l’on puisse véritablement être passionné ou emporté par cette comédie musicale pleine de bonne volonté et d’énergie mais qui se place comme un film de niche dans une niche.
Mais le plus gros souci de « D’où l’on vient » est sans conteste son excessive durée. Si la première heure on peine à accrocher mais que l’on prend son mal en patience grâce à la bonne humeur générale, la seconde heure devient plus laborieuse et s’étire quand la dernière demi-heure devient carrément interminable. Près de deux heures et demi pour une comédie musicale c’est extrêmement long, encore plus quand elle devient répétitive. Une demi-heure de moins voire plus n’aurait vraiment pas été de refus surtout lorsqu’on n’est pas vraiment client de ce type de musique. Comme dans beaucoup de long-métrages de la sorte, les sentiments exprimés sont quelque peu niais, à la limite du kitsch, mais le film se rattrape sur les thématiques convoquées telles que l’éloignement de ses racines, la gentrification ou la difficulté pour certaines communautés d’être l’égale des autres. En l’occurrence ici, c’est donc avec la communauté hispanique caribéenne du quartier de Washington Heights, quartier auquel ce film fait un vibrant hommage tout comme à ceux qui l’habitent.
Mais on regrette aussi fortement le fait que pour une comédie musicale d’une telle durée, il y ait si peu de numéros mémorables, qu’ils soient chantés ou dansés ou les deux. On était friand de voir d’imposantes chorégraphies avec plein de figurants dans les rues mais elles s’avèrent triviales et trop courtes pour la plupart. On retiendra peut-être celle de la piscine qui est plutôt originale mais on ne danse pas, on ne vibre pas et on n’a pas plus envie de pousser la chansonnette avec les acteurs et actrices. C’est plutôt grâce à la mise en scène qui regorge d’idées que l’on peut à la limite se consoler. Les ajouts numériques de plusieurs numéros sont bien vus et intégrés, comme les rouleaux de papier peint géant qui tombent des toits mais c’est celui où un couple défie les lois de la gravité sur les murs d’immeuble qui marque le plus. Aérien et beau, il remonte un peu le niveau tout comme celui, plus amusant, dans le salon de coiffure. Mais « D’où l’on vient » reste une déception destinée à un public bien trop ciblé. A l’année prochaine pour une nouvelle comédie musicale américaine que l’on espère plus palpitante à l’image de l’indétrônable « Chicago » ou « La La Land ».
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