« Ce n'est pas ce à quoi je m'attendais ». Voilà une phrase que l'on entendra beaucoup à propos du film québécois Avant qu'on explose. D'abord parce que l'auteur a su habilement jouer avec les codes du film pour ados de manière à le rendre plus humain, plus grave, puis parce que la bande-annonce ne nous annonce pas du tout le bon film.
Nous ne sommes pas ici dans le « American Pie » québécois que nous laissent croire les premières images. Il s'agit plutôt d'une comédie dramatique et psychologique voguant parfois vers le film d'auteur. Ceci étant dit, ce n'est pas une mauvaise chose en soi. On aime particulièrement être déstabilisé au cinéma, être ému puis forcé à réfléchir sur des sujets existentiels. Avant qu'on explose, au-delà de sa prémisse juvénile, cache une réflexion profonde sur les relations humaines et notre rapport à la mort. Si parfois cette couche supplémentaire vient engourdir le récit principal, elle l'enrichit la plupart du temps.
Bien avant d'arriver à cette morale existentialiste, nous rencontrons des adolescents attachants qui ont des préoccupations de leur âge. Alors que les menaces d'une troisième guerre mondiale s'intensifient, Pier-Luc rêve de perdre sa virginité avant que le monde explose. Cette idée de prendre les préceptes de base de la comédie pour ados et de les placer sur ceux d'un film catastrophe afin d'accentuer l'urgence et l'importance de la quête du protagoniste s'avère brillante et efficace. Peut-on vraiment en vouloir à un ado qui veut avoir la chance de goûter au sexe avant de mourir?
L'auteur Éric K. Boulianne propose des scènes inattendues dont on se délecte, en plus d'en être étonné. À un moment, on nous propulse à la Barbade pendant de longues minutes. L'histoire principale s'arrête brusquement pour laisser place à celle d'une mère et sa fille qui attendent de la visite importante. Impossible de ne pas être déstabilisé par ce brusque changement de ton, mais, ultimement, on comprend et on apprécie l'audace du scénariste. Il y a également cette séquence jouissive mettant en scène Brigitte Poupart dans le rôle de la « Mère de Quick », qui, évidemment, nous rappelle la « Mère de Stifler » dans American Pie. Il faut aussi souligner l'efficacité de cette finale bouleversante à laquelle on se s'attendait pas.
Les jeunes acteurs Étienne Galloy, Will Murphy et Madani Tall forment un trio drôle et convaincant. Tall livre d'ailleurs un monologue essoufflant dans l'une des meilleures scènes du film. Soulignons également le travail de Monia Chokri, qui livre une interprétation nuancée de la psychologue de l'école que fréquentent les trois héros.
On ne le dira pas suffisamment, Avant qu'on explose n'est pas ce que vous croyez : il est bien plus que ça.