La projection du plus récent film de Pedro Almodovar, La piel que habito, hier soir au Cinéma Impérial, était certainement l'un des moments les plus attendus de cette 40e édition du FNC, comme l'était en 2009 la projection d'Étreintes brisées. Et comme en 2009, on a eu droit à un Almodovar en demi-teinte, entre ce qu'il sait faire de mieux et de pire. Les quelques 45 premières minutes de ce La piel que habito s'avèrent parmi les plus ennuyantes jamais filmées par le cinéaste, entre un burlesque mal ajusté et l'interprétation appuyée des comédiens. Puis, comme par magie, le film se ressaisit, devient véritablement séduisant, déstabilisant (proposant au détour une relecture de la « femme fatale » qui a de quoi ébranler) et assez ingénu et drôle, pour enfin plaire. On a évité le ratage, heureusement. Le film est à nouveau présenté à 19h, mardi, au Quartier Latin.
The Turin Horse, de Béla Tarr, présenté juste après, s'avère être une longue méditation inspirée d'un moment manquant de la vie de Nietzsche - un jour de janvier 1889, il se jette au cou d'un cheval qui était battu par son cocher - pour proposer un lourd drame sur un père et sa fille qui vivent modestement dans une cabane. Alors que le vent se déchaîne autour d'eux, ils maintiennent inlassablement leur routine quotidienne. Tarr parvient à créer de grandes émotions grâce à ses images, mais aussi une lourdeur qui devient vite agaçante. Disons que l'illustration du « fardeau quotidien de la vie » se fait aux dépens de tout le reste surtout que d'autres films se sont intéressés à l'aspect routinier par le passé... Les interprétations possibles sont nombreuses et les clés de lecture diversifiées (perte de la lumière, de la connaissance, du savoir, l'Éternel Retour, répétition du quotidien, punition (divine ou non)) et à ce stade-ci, elles sont toutes bonnes. Beaucoup de choses restent à percevoir de ce film, qui s'apprécierait bien mieux dans l'ensemble de l'oeuvre du cinéaste.
La projection de Faust, qui avait lieu à la même heure, s'est faite en version numérique DVD à cause de problèmes de copie qui, m'a-t-on dit, seront réglés pour la projection de demain, 16h30, à ExCentris.
Aussi au programme demain : l'immanquable Notre jour viendra, de Romain Gavras, un incursion téméraire et subversive dans la folie de deux roux qui sentent le besoin d'exprimer toute leur frustration envers le monde. Provocateur, le film est exigeant et toujours imprévisible. Performances grandioses de Vincent Cassel et d'Olivier Barthélémy dans ce qu'il convient peut-être d'appeler une fable sur le dégoût que provoque et/ou ressent l'être humain. À 21h15 au Cinéma Impérial.
Ce soir, Benoit Pilon présente Décharge au Cinéma Impérial.
À demain!