X-Men: First Class avait su éblouir critiques et fans de par sa finesse narrative et la qualité exceptionnelle de sa réalisation. Les attentes pour sa suite étaient donc déjà élevées avant même son annonce officielle. Donc, quand Marvel a annoncé le retour de Bryan Singer derrière la caméra (l'homme qui nous a donné les deux premiers chapitres de la première trilogie) et celui des héros de la série initiale à l'écran, les espoirs et les craintes d'un échec possible, d'un gâchis monumental, étaient encore plus grands. Heureusement, X-Men: Days of Future Past s'avère à la hauteur de ce qu'on attendait de lui, mis à part une réalisation plus conventionnelle et une narration plus alambiquée que la mouture précédente.
Matthew Vaughn avait été si extraordinaire à la tête de X-Men: First Class que la marche pour atteindre une finesse artistique aussi étonnante était haute, trop haute pour Singer qui nous offre un produit légèrement plus commercial et stéréotypé que son prédécesseur. Pas que le résultat est moins efficace, mais on s'ennuie à quelques reprises - notamment lors des trop fréquents ralentis et gros plans - du caractère des images de Vaughn. Reste que la qualité des effets spéciaux n'a pas été affectée par ce changement de réalisateur. Les pouvoirs de chacun des mutants sont très bien représentés à l'écran. Les nombreuses transformations de Mystique sont fluides (un défi de post-production notable) et les quelques scènes impliquant Quicksilver - qui sont, pour la plupart, des séquences d'action complexes - s'avèrent réussies. D'ailleurs, ce personnage, que l'on n'avait pas vu avant aujourd'hui au cinéma, est très intéressant et apporte un humour bienvenu à la production.
Les X-Men, comme la plupart des super-héros de Marvel, ont une mythologie importante qui les précède. La leur est ancrée dans l'Histoire. C'est donc avec joie qu'on retrouve certains moments importants de notre histoire dans celle des mutants. Les référents à l'assassinat de JFK ou à la guerre du Vietnam apportent définitivement une prestance à la narration, qu'on a considérablement complexifiée avec le voyage dans le temps. Évidemment, l'opportunité était beaucoup trop belle pour ne pas la saisir; rassembler de vieux héros avec des nouveaux dans un même film, et même, possiblement altérer l'avenir du récit et ainsi créer l'éventualité d'un « nouveau » futur, qui permettait de ne plus prendre en considération les oeuvres sorties avant 2011. Par contre, le voyage dans le temps est un concept délicat dans lequel beaucoup se perdent. Il faudra attendre la suite (parce qu'il y en aura une, évidemment) pour savoir si Days of Future Past a relevé le défi temporel qu'il s'est lancé. Pour le moment, la logique survit à l'exercice.
James McAvoy et Michael Fassbender sont encore très efficaces dans le rôle de Professor X et de Magneto, tout comme Hugh Jackman dans la peau d'un personnage qu'il interprète depuis tellement d'années qu'il le connait peut-être mieux que Stan Lee lui-même. Même s'il était bon de revoir certains protagonistes d'une autre génération comme Halle Berry/Storm ou Shawn Ashmore/Iceman, ils ne sont que des figurants au sein de cette histoire qui se déroule presque entièrement dans le passé (donc avec les héros de la nouvelle franchise). À noter aussi la brillante performance de Jennifer Lawrence sous les traits d'une Mystique plus troublée que jamais.
Les « films de super-héros » ont maintenant un standard de qualité qu'ils se doivent de respecter s'ils veulent rester dans la course et continuer d'attirer les foules. X-Men: Days of Future Past ne déroge pas de cette norme, même qu'il en surpasse certains grâce à l'intelligence de son écriture et la qualité du développement de ces personnages. Un divertissement de qualité n'est plus un luxe à Hollywood aujourd'hui, et X-Men: Days of Future Past nous le rappelle.