Nous devons d'abord donner aux scénaristes Kenya Barris et Doug Hall ce qui leur est dû, car ils ont au moins essayé d'offrir un récit marchant, certes, dans les traces du film original de 1992, mais en explorant des enjeux dramatiques foncièrement différents.
D'un autre côté, le principal problème de ce White Men Can't Jump version Disney+ se situe précisément ici. Le duo peine à rendre les événements de son récit suffisamment significatifs aux yeux du spectateur pour que celui-ci puisse réellement s'investir dans l'improbable histoire de ces deux joueurs de basketball que tout oppose et unit à la fois.
Le sous-estimé film de Ron Shelton pouvait déjà capitaliser sur les nombreuses forces de son duo iconique formé de Wesley Snipes et Woody Harrelson, et plongeait tête première dans la précarité de leurs personnages devant tout miser sur un seul attribut ne serait-ce que pour espérer pouvoir se tenir la tête hors de l'eau un peu plus longtemps.
C'était le cas sur le terrain de basketball, tout comme pour le personnage incarné par Rosie Perez, qui investissait tout son temps à apprendre une multitude d'informations disparates dans l'espoir de participer un jour, peut-être, au jeu télévisé Jeopardy.
Le jeu d'arnaques était une question de vie ou de mort dans ce Los Angeles du début des années 1990, où les tensions et les stéréotypes raciaux étaient particulièrement marqués.
Dans le film de Calmatic, nous avons plutôt affaire à deux individus qui, en raison d'événements personnels et d'importantes blessures physiques et psychologiques, n'ont jamais été en mesure de réaliser leur plein potentiel. Ces derniers jouent quelques matchs sur différents terrains publics, puis décident de s'inscrire à un tournoi pour tenter de mettre la main sur un demi-million de dollars.
Le tout tandis que leurs conjointes respectives cherchent à faire décoller leur carrière professionnelle un tantinet plus stable.
C'est tout.
Étrangement, il y a bien quelques éléments introduits tôt dans le récit qui auraient pu permettre à celui-ci de gagner en magnitude. Mais la plupart d'entre eux sont abandonnés aussi rapidement qu'ils furent mis en place.
Les scénaristes ont également trouvé le moyen de se tirer dans le pied en nous rappelant continuellement que nous sommes désormais en 2023, loin des idées préconçues d'il y a trente ans, notamment à celle qu'exprime explicitement le titre du film.
C'est une chose d'adapter une histoire pour la mettre au goût du jour, c'en est une autre de formuler un discours un tant soit peu substantiel - et intéressant - sur cette nouvelle réalité sociale.
Malgré tout, dans les rôles principaux, Sinqua Walls et Jack Harlow forment un très bon duo à l'écran, développant une chimie naturelle de scène en scène, qui finit par devenir le point le plus notable du présent exercice.
Dans son premier rôle d'envergure, le rappeur Jack Harlow tire particulièrement son épingle du jeu en y allant d'une performance décontractée, insufflant l'énergie désirée à un ensemble résolument tourné vers le positivisme, mais qui n'en tire rien de réellement inspirant.
Bref, nous avons affaire une fois de plus à un remake où tout est traité de façon lisse, polie et gentille, où l'adversité n'est rien d'autre qu'un bref passage obligé.
Le résultat est un divertissement de base - inoffensif, inconséquent et plutôt inutile. Revisitez plutôt l'original, qui a étonnamment bien vieilli.
White Men Can't Jump est disponible dès maintenant, sur Disney+.