Ni une satire ni un drame, plutôt une oeuvre mineure d'un grand cinéaste dont - il faut bien l'admettre - les meilleures années appartiennent à un autre siècle. Oliver Stone s'est toujours intéressé aux grands sujets et aux grands hommes - morts la plupart du temps - et cette dernière effronterie, apparemment réalisée dans l'urgence, aborde avec plus de légèreté et pas moins d'ambition la vie de l'homme le plus puissant du monde depuis huit ans, George W. Bush. Qui est encore vivant, soit dit en passant; ce qui semble obliger Stone à l'aborder du côté de la farce, pratiquement du burlesque, avec des mimiques faciales et des tics maniérés. Josh Brolin fronce plus souvent des sourcils que l'Américain moyen tout en s'étouffant avec ses bretzels, tandis que Thandie « bubblehead » Newton vole la vedette à un Richard Dreyfuss/Dick Cheney pourtant convaincant. Et convaincu.
À l'aube de l'intervention américaine en Irak, à la fin de 2002, George W. Bush se laisse convaincre par ses principaux conseillers que Saddam Hussein possède l'arme de destruction massive qui menace l'Amérique. L'occasion est belle pour le Président d'impressionner son père, excédé depuis son adolescence par ses excès, ses résultats scolaires et son alcoolisme et qui avait choisi de se retirer après la Guerre du Golfe plutôt que de détrôner le dictateur irakien. Une belle occasion, en plus, de contrôler les réserves de pétrole mondiales.
Dramatiquement inefficace, le film déconstruit la chronologie de manière pratiquement aléatoire. On passe de 1976 à 2003 sans fil conducteur, sans autre intention que de montrer des moments importants de la vie de Bush, qui vont de l'épisode du bretzel à la rencontre, anodine, avec sa future femme Laura. Bush, individu insouciant et séducteur, n'est pas aussi idiot qu'on l'attendait même si sa conversion religieuse tient du mauvais épisode de Dynasty. Dans le rôle principal, Josh Brolin n'impressionne guère, surtout à cause du personnage. Le discours en filigrane sur l'opulence est aussi d'une convention regrettable.
Quand même, le film a ses quelques bons moments, dont cette séquence où Bush, faisant un retour triomphal en politique active comme candidat texan, et son conseiller Karl Rove élaborent un plan pour s'adresser aux médias. Cette scène place Bush du côté des gagnants et donne le début d'une explication pour son accession au plus puissant trône moderne. Fin humaniste, Stone rééquilibre le tout en montrant Bush discutant avec sa femme assis sur la toilette.
En abordant tous les thèmes prévisibles (alcoolisme, foi, etc.) et en faisant quelques métaphores et allégories douteuses, Stone demeure dans les sentiers battus en s'assurant de ne froisser personne. L'intervention en Irak est au centre du film, pourtant Stone est si mièvre et mitoyen que quiconque croit quoi que ce soit sur quelconque sujet se verra réconforté dans ses positions, quelles qu'elles soient. Ce n'est pas digne d'Oliver Stone, ni de W. à la limite, que de résumer la vie de l'homme le plus puissant du monde à un consensus. Le scandale est peu probable et les passions sont sauves.
Ce n'est pas digne d'Oliver Stone, ni de W. à la limite, que de résumer la vie de l'homme le plus puissant du monde à un consensus. Le scandale est peu probable et les passions sont sauves.
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