Difficile pour Death Wish de sortir en salles à un pire moment. Le sujet du port d'armes à feu est très chaud actuellement aux États-Unis et ce film en fait l'apologie. Impossible de ne pas être dérangé par cette vendeuse au magasin d'armes qui s'exprime sur l'importance d'avoir un fusil chez soi pour se défendre. Une fois le malaise passé, on peut peut-être se mettre à apprécier l'oeuvre violente et vindicative d'Eli Roth, mais bien des gens n'arriveront jamais à passer outre le message douteux de ce film, qui pourrait bien être financé par la NRA.
Comme Death Wish est le remake d'un film de 1974, l'équipe de production a voulu le moderniser. Peut-être ont-ils d'ailleurs légèrement exagéré en ce sens puisqu'on retrouve ici d'innombrables références à la technologie, tellement que le tout fini par devenir un peu ridicule : une fille qui filme une fusillade avec son téléphone et envoie la vidéo sur les réseaux sociaux, un voiturier qui utilise le GPS de la voiture d'un client pour dénicher son adresse, un homme qui apprend à tirer grâce à des vidéos sur YouTube et c'est sans compter les nombreuses références à la radio numérique et aux mèmes.
Le réalisateur Eli Roth, reconnu principalement pour ses films d'horreur (Cabin Fever, Hostel, The Green Inferno), n'a évidemment pas lésiné sur l'hémoglobine. Le sang coule à flots dans Death Wish et j'avoue avoir détourné le regard à quelques reprises tellement les scènes étaient graphiques et violentes (notamment cette séquence où une boule de quilles défonce le crâne d'un malfrat). Il faut quand même dire que Roth a pris le temps de placer son intrigue. Contrairement à d'autres productions similaires, le spectateur apprend à connaître légèrement les personnages avant qu'on les place en situation de crise. Les cinéphiles se sentent donc légèrement plus concernés lorsque la femme du protagoniste décède et comprennent davantage (sans le cautionner bien sûr) son désir de vengeance.
Malgré ses 62 ans bien sonnés, le John McClane de Bruce Willis n'est jamais bien loin. L'acteur a la prestance et l'attitude nécessaire pour interpréter ce genre de rôle, même à son âge vénérable. Le film n'aurait certainement pas le même impact si ce n'était pas Willis qui versait de l'huile à moteur sur la blessure ouverte et sanguinolente d'un truand.
Avec ses nombreuses coïncidences salvatrices et sa trame narrative quelconque, Death Wish se classe rapidement parmi les oeuvres oubliables de l'année. Mais, il faut l'avouer quand même, il y a quelque chose de stimulant à voir Bruce Willis en hoodie parcourir les rues de Chicago avec une arme à la ceinture sur une musique hip-hop... Dommage que le discours pro-armes vienne ici miner notre plaisir.