Il est ardu de juger objectivement une production comme Safe Haven, parce que, même si le film n'est pas « bon » à proprement parler, même s'il est cliché au point de faire frissonner de dégoût n'importe quel critique, il s'avère tout de même exactement ce qu'il devrait être. Quand bien même certains poncifs nous agacent - une course sous la pluie, une danse spontanée dans un restaurant sous fond de musique romantique, une complicité instantanée entre une belle et jeune étrangère et une enfant éveillée, fille du protagoniste masculin dont la femme est décédée du cancer - ils ne nous étonnent pas. Et, nous sommes encore moins surpris par ces phrases stéréotypées qu'on nous balance sans cérémonie, comme « Je n'ai jamais dit cela à personne avant toi » ou « Je t'aime et je ne laisserai personne te faire du mal ».
Chacune des adaptations de livres de Nicholas Sparks - A Walk to Remember, Dear John, The Last Song, The Lucky One - ont la même âme, la même ambiance; sereine, émouvante, souvent grave et prévisible. Il n'y a que The Notebook, devenu un classique du « film de filles », qui se distingue par son récit poignant et universel. Safe Haven se caractérise, pour sa part, grâce à sa finale plus déroutante que celles de ses semblables. Mais, avant cette conclusion intéressante (j'ose ce terme, mais l'assume partiellement), le film se heurte à chacun des clichés du genre et ennuie à bien des endroits. Mais, encore une fois, c'est ce à quoi s'attend le public de romantiques qui s'entasseront dans les salles noires avec une boîte de mouchoirs et un chum qui préfèrerait fortement être dans la pièce voisine, là où on projette le dernier Die Hard.
Est-ce que Julianne Hough et Josh Duhamel forment un couple crédible? Oui. Étaient-ils le meilleur choix d'interprètes pour ces personnages souverains d'une histoire d'amour théâtrale? Non. Il existe bien une chimie entre les protagonistes, mais l'étincelle qui fait que cette alliance soit mémorable ne brille pas comme on aurait pu l'espérer. Et aucun personnage secondaire ne vient voler la vedette et sauver la mise, comme c'est si fréquent dans ce genre de production. Cobie Smulders est effacée et David Lyons - le méchant de l'histoire - n'est pas effrayant comme il aurait pu l'être; on s'attendait à plus de frissons suscités par un policier alcoolique batteur de femmes.
On n'y échappe pas. La Saint-Valentin entraîne avec elle ce genre de production fleur bleue qui ne peut pas se permettre trop d'extravagances si elle veut conserver la fidélité de son public. Donc, on ne peut pas vraiment reprocher à Safe Haven son manque de personnalité puisque s'en forger une nouvelle signifie un risque considérable que les producteurs n'ont pas l'envie le courage de prendre. On peut toujours se consoler avec une conclusion surprenante (encore là, l'adjectif est peut-être fort), mais, comme on dit, « le jeu n'en vaut pas la chandelle ».