On entre dans Les inconnus en se disant que Liv Tyler n'est pas la nunuche habituelle des films d'horreur, et que c'est déjà ça de gagné. On se dira exactement la même chose à la sortie, et ce n'est pas une très bonne nouvelle. Festival d'opportunités ratées, Les inconnus n'offre pas les frissons promis, même s'il est supérieur à la moyenne.
James et Kristen arrivent tard à la maison. Les pétales de rose et le champagne laissés là par James ne serviront pas; Kristen a refusé sa demande en mariage. Leur hésitante tentative de réconciliation est interrompue par une jeune femme égarée qui frappe à leur porte. Et pendant que James est parti chercher des cigarettes, Kristen réalise que trois individus masqués tentent d'entrer dans la maison.
Il dégage des premières minutes du film un sentiment d'étrangeté très puissant qui installe un climat d'horreur efficace. Puis, les maladresses s'accumulent devant et derrière la caméra. Les assaillants font quelques apparitions en arrière-plan sans but véritable, les héros, au lieu d'attendre le matin, se précipitent à l'extérieur dans les bras de leurs tortionnaires et le réalisateur, Bryan Bertino, néglige complètement les prémisses de son film en s'assurant de ne répondre à aucune question soulevée par sa réalisation cachottière.
Cette agaçante manie qu'ont « les méchants » de se donner en spectacle pour la caméra en négligeant complètement les personnages qui sont à l'intérieur du film exaspère bientôt plus encore que les nombreuses décisions stupides que prennent - c'est toujours pareil... - les deux héros. Le piège qui leur est tendu n'est pas parfait, tout particulièrement avec un fusil de fort calibre à la main, mais ils réussissent quand même à perdre le mince avantage qu'ils possèdent sur ces trois individus masqués dont les motivations demeurent sombres, même le matin venu. À ce titre, Les inconnus fait figure de parent pauvre de Funny Games, beaucoup mieux conçu et beaucoup plus effrayant.
En choisissant de ne pas expliquer les motivations primaires des trois sadiques et en limitant les dialogues au strict minimum, le réalisateur Bertino prouve qu'il n'était pas très inspiré pour rédiger ce scénario qui mise sur l'audacieuse proposition qu'un homme va laisser seule sa copine dans une maison isolée alors qu'une mystérieuse inconnue vient de frapper à la porte à 4h du matin. Une fois cette aberration passée, peut-être pourra-t-on se laisser aller à l'atmosphère de faux fait vécu, mais rien n'est moins sûr.
Liv Tyler ne peut porter sur ses épaules le poids des erreurs élémentaires du film, qui offre tout de même quelques francs frissons. La direction-photo est efficace et la musique appuie bien le film, mais son développement prévisible et son incapacité à se hisser au-delà de la simple « peur des sens » - qui tient du réflexe - pour devenir une crainte viscérale qui fait mal au ventre. Le cerveau est trop sollicité pour se laisser aller au déroulement d'une intrigue incomplète, malgré tous les efforts déployés pour ne pas être qu'une énième variation sur un même thème. Effort louable s'il en est un, qui n'est pas mené à terme. Et la finale, elle, laisse plus perplexe que comblé. Ça sera plus facile la prochaine fois, vraiment?
On entre dans Les inconnus en se disant que Liv Tyler n'est pas la nunuche habituelle des films d'horreur, et que c'est déjà ça de gagné. On se dira exactement la même chose à la sortie, et ce n'est pas une très bonne nouvelle. Festival d'opportunités ratées, Les inconnus n'offre pas les frissons promis, même s'il est supérieur à la moyenne.
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