La tangente qu'a prise Hollywood depuis un certain temps avec ses remakes à la tonne et ses tentatives de toucher les cordes sensibles des mélancoliques, ne pouvait être complète sans une brève immersion dans le monde de ces personnages colorés qui ont nourri l'imaginaire des petits et grands depuis les années 70. The Muppets possèdent toujours cet esprit rassembleur qui faisait d'eux des vedettes et des incontournables. Pour leur donner un brin de modernisme, ils avaient besoin d'un acteur aussi caustique et versatile qu'eux; Jason Segel était la personne toute désignée pour l'emploi. Bien qu'il finisse par devenir davantage un personnage secondaire - laissant toute la place à Kermit et sa bande - le comédien introduit habilement le public dans l'univers déjanté des célèbres marionnettes, des plus fanatiques aux plus néophytes.
Le film se devait de respecter la plus pure tradition des Muppets pour obtenir le succès et l'appui du public. Caméos inespérés et souvent déroutants, numéros musicaux grandioses, trop énormément de jeux de mots (pas toujours drôles) et beaucoup de sarcasme devaient impérativement être les assises du long métrage, et, évidemment, le contrat est honoré avec grand discernement. Le récit s'enclenche rapidement - pas de fla-fla inutile et d'enjolivures sans fondement -; Gary, sa copine Mary et son frère Walter tentent de rassembler - guidés par Kermit - les Muppets pour monter un spectacle qui leur permettrait d'empêcher un magnat du pétrole de détruire leur ancien studio, tant aimé. On apprend donc ce qu'ont fait la plupart des marionnettes depuis la fin des années 90, certains sont des hommes d'affaires prospères, d'autres sont devenus, par la force des choses, des has been, alors que certains dormaient, tout simplement. Autant l'oeuvre entre rapidement dans le vif du sujet, autant la finale - prévisible, mais inévitable - tarde à venir. Malgré l'intelligence du scénario et la perspicacité des textes, la production souffre tout de même d'un manque d'équilibre, un élément peut-être dérangeant, mais pas complètement nuisible.
Même si le personnage d'Amy Adams est plutôt futile au sein du long métrage, celui de Chris Cooper (qui se nomme Tex Richman), stéréotypé à l'excès, amuse tout en étant un ennemi parfait pour les Muppets. Aucune marionnette n'a été négligée, elles ont tous leurs moments de gloire, qu'il s'agisse d'une réplique ou d'une séquence entière. La production reflète invariablement l'amour que les créateurs portent à ces énergumènes hétéroclites issus de l'imagination débridée de Jim Henson. Malgré toute la dérision et l'ironie derrière les Muppets, jamais le scénario ne nous laisse croire que ces créatures n'ont pas leur raison d'être, leur message à livrer. Ce ne sont pas que de banales caricatures, comme l'étaient par exemple les marionnettes de Team America: World Police, elles sont des icônes d'une génération et méritent le respect qu'on leur a si galamment accordé.
À l'approche de cette période des fêtes, on se questionne régulièrement à savoir si un film est « familial », s'il sait plaire à toute la ribambelle en même temps, The Muppets fait définitivement partie de ce créneau, mais, ne soyons pas bonasses, les parents auront probablement beaucoup plus de plaisir que leur progéniture à ressasser de vieux souvenirs, de vieilles idoles. Je vous laisse sur une sage réflexion de notre ami Kermit : « tant qu'il y a des grenouilles qui chantent et des monstres qui racontent des histoires, le monde ne pourra jamais être complètement mauvais. »
« Tant qu'il y a des grenouilles qui chantent et des monstres qui racontent des histoires, le monde ne pourra jamais être complètement mauvais. »
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