L'impression que pouvait laisser The Flash au premier abord, c'était celle de la tentative de Warner Bros. et DC Studios d'offrir aux fans leur propre version du Spider-Man: No Way Home de Marvel Studios.
Mais en réalité... En fait, ne cherchez pas plus loin, c'est exactement ça.
Le héros du présent récit joue à son tour d'une manière on ne peut plus téméraire avec la ligne du temps pour tenter de sortir un proche d'une situation sans issue, puis doit en payer le prix.
Voyant partir en fumée les chances que son père soit finalement innocenté du meurtre de sa mère, Barry Allen, dit Flash (Ezra Miller), parvient à utiliser ses super-pouvoirs pour franchir la vitesse de la lumière et remonter le temps. Ainsi, il prévient la mort tragique de sa génitrice, et s'assure un avenir un peu plus heureux. Mais en faisant cela, Barry crée une nouvelle réalité qui semble dépourvue de Méta-humains, et à la merci du général Zod.
Le film d'Andy Muschietti (It) est un étrange produit de son époque qui prêche par excès en pesant sur tous les boutons en même temps pour faire plaisir aux fans, mais à l'intérieur d'un tout un peu trop décousu, souvent mal cadencé, où le bon et le discutable se côtoient continuellement.
Le scénario de Christina Hodson ne sait d'ailleurs jamais vraiment sur quel pied danser, ne faisant absolument aucun cas de ce qui a été érigé par Zack Snyder auparavant en termes de ton, et plongeant l'ensemble dans une surabondance de comédie de différents niveaux pour reproduire l'esprit des productions beaucoup plus populaires - mais pas nécessairement meilleures - d'un certain concurrent.
Ceci étant dit, Hodson a tout de même le mérite de ne pas tourner le dos ou de tuer dans l'oeuf la moindre situation dramatique - comme s'entêtent à le faire les studios Marvel - afin de laisser les personnages vivre pleinement les moments plus difficiles, et prendre toute la mesure des conséquences de leurs actes - aussi déchirantes puissent-elles être.
Ayant surtout fait parler de lui pour ses frasques en dehors des plateaux de tournage au cours des dernières années, Ezra Miller offre une double performance très efficace, canalisant d'un côté l'insouciance et la bouffonnerie d'un jeune Barry n'ayant pas été marqué au fer rouge par un traumatisme d'enfance, et de l'autre un héros et mentor écorché, beaucoup plus au fait que l'heure est grave. Il s'agit d'ailleurs - et de loin - du meilleur atout du présent long métrage.
The Flash finit malgré tout par accumuler les opportunités manquées, notamment en ne faisant aucun usage des règles qu'il a pris un temps fou à mettre en place en début de parcours. Et il y avait définitivement matière ici à laisser un peu plus le spectateur sur un doute à l'approche d'une résolution qui était coulée dans le béton avant même que le film ne commence.
Là où Muschietti et Hodson ne lésinent pas, toutefois, c'est évidemment sur la nostalgie, accumulant les apparitions surprises et les références qui feront sourire les fans (deux en particulier étant des plus savoureuses), mais qui n'apportent généralement pas grand-chose au récit - à l'exception, bien entendu, du retour plus que le bienvenu du Batman de Michael Keaton.
Il est dommage également que la plupart d'entre elles se manifestent par l'entremise d'effets numériques, et ce, même s'il s'agissait bien souvent de la seule option envisageable. Et encore là, nous ne pouvons passer sous silence le pitoyable niveau de qualité des effets spéciaux, qui ne volent souvent guère plus haut que la tristement célèbre matérialisation du Roi Scorpion dans The Mummy Returns (2001).
Oui, c'est terrible à ce point, voire inexcusable pour une production d'une telle envergure. Considérant l'état actuel du DCEU, il est probable que Warner ait simplement décidé de sortir le film même si celui-ci était loin d'être terminé. De la réalisation de Muschietti découlent néanmoins plusieurs images saisissantes et nombre de séquences particulièrement réussies, notamment les scènes à teneur plus dramatique, ainsi que celles impliquant le Batman de Keaton et la Supergirl de Sasha Calle.
À l'instar de son personnage-titre, il est évident que Warner et DC adoreraient pouvoir remonter le temps et prendre de court Marvel Studios en sortant quelques nouvelles idées en premier pour une fois.
Car au final, The Flash n'apporte malheureusement pas de nouvelles propositions à la table, ne se contentant que de reprendre certains concepts phares du MCU, pigeant principalement dans Infinity War, Endgame et Spider-Man: No Way Home, tout en saupoudrant une bonne dose du Edge of Tomorrow de Doug Liman en fin de parcours (assurément l'emprunt le mieux géré et le plus efficace de toute la production).
Lorsqu'une méga production jonglant avec autant de matière n'offre que le strict minimum de moments réellement surprenants (la faute revenant aussi à la mise en marché beaucoup trop révélatrice du film), la question se pose à savoir si le temps n'est pas tout simplement venu d'arrêter de tourner en rond, et de passer à autre chose...