Un autre mois, un autre film sur l'IA...
Mais Companion, le premier long métrage de l'Américain Drew Hancock, est heureusement une proposition se rapprochant davantage des qualités d'un Ex Machina, plutôt que des énormités des récents AfrAId et Subservience.
Le présent opus étant l'oeuvre d'un nouveau venu dans le paysage cinématographique hollywoodien, la mise en marché de Companion a surtout été articulée autour de la présence à la production du réalisateur Zach Cregger et de quelques-uns des coproducteurs avec qui ce dernier avait collaboré pour mettre au monde son jouissif Barbarian.
Et nous comprenons vite pourquoi Cregger et cie ont voulu s'associer à pareil projet, le scénario de Drew Hancock regorgeant lui aussi d'humour noir, de pulsions sadiques, de séquences ne présentant pas tout à fait l'être humain sous son meilleur jour, et, surtout, d'un nombre assez impressionnant de revirements de situation particulièrement bien introduits et exploités.
Cette fois, nous faisons la connaissance d'Iris (ou Siri à l'envers, si vous préférez, incarnée par Sophie Thatcher) et de son petit ami Josh (Jack Quaid), alors qu'ils se dirigent vers une luxueuse demeure située au milieu de nulle part (évidemment) pour passer du bon temps avec deux couples d'amis.
Sur place, le duo est introduit à leur hôte Sergey (Rupert Friend), un homme d'affaires aussi louche que russe tout ce qu'il y a de plus stéréotypé. Malgré quelques malaises, la première soirée se passe plutôt bien. Mais lorsqu'Iris se rend à la plage le lendemain pour prendre un bain de soleil, elle tombe de nouveau sur Sergey, qui se montre alors beaucoup trop entreprenant.
Les choses dérapent, et Iris rentre à la demeure, couverte du sang de son assaillant. Josh met aussitôt sa douce moitié robotisée en dormance (ah oui, nous avions oublié : Iris est une androïde à la fine pointe de la technologie conçue pour répondre à tous les désirs de son propriétaire). Prenant subitement conscience de sa réelle nature, Iris met tout en marche pour échapper à une déconnexion certaine.
Déjà, Companion se démarque de la majorité de ses contemporains en nous amenant à voir le monde du point de vue de sa protagoniste artificielle. Hancock va dès lors au-delà d'une technologie souvent décrite comme « déshumanisante » pour s'intéresser à ladite nature humaine, aux rapports de contrôle et de domination pouvant s'ingérer dans nos relations avec autrui, mais aussi à la réponse comportementale et émotionnelle de la personne se retrouvant au bas de l'échelle.
Enveloppés d'une facture visuelle des plus léchées, autant le lustre que le côté froid et désincarné du scénario d'Hancock transparaissent à travers la direction artistique et la direction photo. Le tout permet au maître de cérémonie de créer un mélange de tons alliant violence, irrévérence, comédie, science-fiction et suspense avec un doigté et une assurance dignes de mention.
Chaque revirement imaginé par Hancock lui offre l'opportunité d'ajouter non seulement un degré supplémentaire à son intrigue, mais aussi de s'éloigner toujours un peu plus des sentiers battus, et ce, tout en alimentant chaque aspect composant l'essence de son film.
Puis il y a Sophie Thatcher, dont la prestation à la fois très physique, vulnérable et extrêmement calculée s'avère des plus captivantes, elle qui avait déjà su tirer son épingle du jeu dans le genre, il y a quelques mois à peine, dans le Heretic du duo Beck-Woods.
Il y a, bien évidemment, certaines pistes que le cinéaste aurait pu se permettre d'approfondir davantage, un passage quelque peu laborieux durant lequel Iris réfléchit sur la meilleure stratégie à suivre, ainsi que quelques détours scénaristiques en fin de parcours qui manquent un peu de finition.
Mais en tout et pour tout, Companion demeure une proposition des plus divertissantes en son genre, faisant suite à une année particulièrement prolifique en la matière. Un film qui ne boude jamais son plaisir, et qui sait surtout comment le transmettre à son auditoire avec toute la mesquinerie espérée.
Bref, plutôt que d'avoir droit à un autre film de genre boiteux parmi tant d'autres comme c'est le cas tous les mois de janvier, Companion se révèle plutôt la première belle surprise de 2025.