Visionner Super Chien (version française de Dog Man), c'est l'équivalent de donner un paquet de feuilles de papier, une tonne de crayons de couleur et beaucoup, BEAUCOUP, de sucre à un enfant de sept ans ayant un TDAH, puis revenir au bout d'une heure pour découvrir ce que cet heureux mélange a pu engendrer.
D'une part, même si concocté à partir d'images numériques, l'animation donne ici tout son sens au terme « dessin animé » tellement l'univers du film de Peter Hastings (inspiré de l'oeuvre littéraire de l'auteur Dav Pilkey) se colle à une approche artistique volontairement approximative. Celle-ci se compose des mouvements des personnages légèrement saccadés, des traits de crayons laissant leur marque sur la surface des objets, des lieux identifiés de la manière la plus directe qui soit... Bref, un ensemble d'éléments illustrés d'une manière parfaitement imparfaite.
Le même constat s'applique au scénario, alors que notre vaillant héros mi-homme, mi-chien s'avère tout simplement être le résultat de la brillante idée d'une infirmière ayant suggéré de faire d'une pierre deux coups en sauvant le corps d'un policier et la tête de son fidèle acolyte, après que les autres organes des deux individus concernés ont été sévèrement endommagés à la suite d'une explosion.
Bref, rien ici qui ne saurait dépayser les fidèles de la quotidienne STAT...
Par la suite, notre vaillant protagoniste est confronté aux plans machiavéliques de son ennemi juré, Petey le chat, qui redouble continuellement d'inventions saugrenues pour tenter de lui mettre des bâtons dans les roues.
La donne change toutefois lorsqu'en cherchant à se cloner, Petey crée une version miniature de lui-même, que Super Chien finit par prendre sous son aile à la suite d'un heureux concours de circonstances.
Ah, il y a aussi un poisson modifié possédant des pouvoirs télékinésiques, et des édifices prenant vie après avoir été aspergés d'une substance pouvant animer n'importe quel objet. Aussi, en version originale anglaise, ledit poisson est incarné par Ricky Gervais. Ce qui n'est définitivement pas peu dire.
Bref, vous avez compris à présent qu'il est préférable que vous ne vous posiez pas trop de questions une fois installé confortablement dans l'obscurité de la salle de cinéma.
En fait, tous les éléments - aussi bien les gags que les impulsions narratives, les séquences d'action rocambolesques et les réactions démesurées des personnages - nous sont lancés au visage à la même vitesse qu'ils sortiraient de l'imagination de la jeune fille ou du jeune garçon cité.e plus haut.
Le résultat se révèle, certes, des plus étourdissants durant la première moitié du film tellement tout s'enchaîne, s'entrecoupe et s'enfile sans temps mort.
Puis, survient un moment à mi-parcours où le rythme ralentit soudainement, comme si le parent de l'enfant s'était soudainement assis à ses côtés pour découvrir ce qu'il est en train de créer, et se permettre d'ajouter une touche plus mature à ce récit sans queue ni tête, de même que quelques encouragements bien mérités.
Une impression que Hastings cimente, d'ailleurs, à l'écran par l'entremise des histoires dessinées rudimentaires, mais mignonnes comme tout, du petit Petey.
Même si le résultat demeure un tantinet trop chaotique et finit par se prendre dans ses propres rouages aussi absurdes qu'impulsifs, il y a une candeur et une sincérité indéniables qui émanent de Super Chien.
Sans nous offrir un nouveau classique du genre, loin de là, Peter Hastings et ses acolytes parviennent à prouver suffisamment le bien-fondé de leur démarche complètement éclatée pour que nous acceptions volontiers de nous laisser étourdir pendant quelque 90 minutes bien serrées.