Vanilla Ice n'apparaît pas dans ce film, vous pouvez donc passer votre chemin. Non mais sans blague : produit par Michael Bay et réalisé par Jonathan Liebesman (responsable entre autres de Battle: Los Angeles et Wrath of the Titans, des films d'action sans aucune profondeur ni logique), ce remake/reboot mettant en vedette les quatre « tortues ninjas mutantes adolescentes » est loin de posséder le charme des films de mon enfance. La question demeure toutefois en suspens : est-ce à cause de la nostalgie de mes huit ans que Teenage Mutant Ninja Turtles (dans sa version française avec les voix de Bernard Fortin et Marc Labrèche) est un agréable moment de divertissement? Qu'en est-il de ce nouveau film? Et surtout : est-ce que les enfants d'aujourd'hui y trouveront leur compte?
La question est pratiquement impossible à résoudre vu les nombreux facteurs à considérer : les enfants s'étonneront peut-être des quelques revirements de situation de ce Teenage Mutant Ninja Turtles, mais les adultes, eux, les verront tous venir. Ne démontrant à peu près aucune créativité et ne proposant aucun thème central (le travail d'équipe? la famille? même pas...), le long métrage enchaîne plutôt bêtement les scènes d'action en oubliant l'essentiel dans ces cas-là : des personnages attachants. Ce n'est pas vrai que l'action suffit, dans un film d'action (même l'été, saison où tout est pardonné!), il faut un contexte, des enjeux et de l'inventivité.
Teenage Mutant Ninja Turtles n'en a que très peu, et ça, les enfants ne manqueront pas de le voir. Il y a dans ce film un hommage aux années 90 et ce n'est pas le bon : les intrigues (gaz mortel, antidote dans le sang, etc.) y sont toutes empruntées. Il y a bien quelques tentatives d'humour qui fonctionnent - surtout celles en lien avec des éléments de la culture populaire - mais le niveau est plutôt adulte et risque d'échapper aux plus jeunes.
Comme si ce n'était pas assez, problème majeur : les effets spéciaux sont à peine potables tellement ils sont omniprésents. Les Tortues ne cessent de virevolter devant la caméra, multipliant les pirouettes et autres figures acrobatiques sans raison, créant une confusion de tous les instants lors des scènes de combat (nombreuses, mais vides).
Le fossé générationnel entre les deux films s'illustre par un exemple assez précis : le skateboard de Michelangelo. Muni de fusées rétractables, il semble être pliable; c'est pratiquement un Transformer. Syndrome du film en entier : rapiécé, bourré d'appendices technologiques inutiles qui ont oublié l'essentiel : un skateboard, ça sert à rouler (et à être cool).
Le film du début des années 90 était artisanal, palpable, plus cartoon - quoique certainement pas moins juvénile -, mais au moins, ce n'était pas qu'une suite de pirouettes et une accumulation d'effets spéciaux sans saveurs et confus. Les quatre héros, maintenant sur les stéroïdes, ont perdu de leur charme lors de leur passage vers le monde du numérique, et c'est surtout dans la confusion visuelle qu'ils virevoltent un peu partout pendant le film. Une mise à jour qui n'a rien de mémorable.