L'idée de départ de I.S.S. est en soi excellente.
Une visite des recoins étroits de la Station spatiale internationale, tandis qu'une guerre nucléaire éclate entre la Russie et les États-Unis quelques centaines de kilomètres plus bas, avait non seulement le potentiel de donner lieu à un suspense d'une redoutable efficacité, mais aussi d'offrir une plongée au coeur de relations humaines et interpersonnelles embrouillées par le spectre des ambitions et des conflits politiques.
Le tout à l'intérieur d'un microcosme où la tension, l'anxiété et la paranoïa ne pourraient qu'atteindre des niveaux anormalement élevés en un très court laps de temps.
Le problème, toutefois, c'est qu'il aurait fallu que le projet soit mené par une équipe créatrice un peu plus expérimentée dans le genre. Le duo formé du scénariste Nick Shafir et de la réalisatrice Gabriela Cowperthwaite parvient, certes, à tirer plusieurs lapins de leur chapeau, mais ne semble jamais savoir comment aller au bout de leurs idées.
Il est d'ailleurs plus qu'évident qu'il s'agit d'un premier scénario de long métrage pour Shafir, ce dernier se collant continuellement à la méthode de la préfiguration pour guider le regard du spectateur. Si l'initiative culmine certainement vers des séquences aussi efficaces que bien ficelées, le tout est néanmoins exécuté d'une manière un peu trop appuyée et mécanique.
I.S.S. s'amorce néanmoins de belle façon, alors que Cowperthwaite réussit en peu de temps - et avec une belle économie de moyens - à nous faire comprendre la dynamique des lieux tout en illustrant la camaraderie et les relations unissant les différents personnages, trois d'origine russe et trois Américains. Et entre les branches, nous sentons qu'il y a déjà un certain inconfort qui habite la nouvelle venue Kira Foster (Ariana DeBose).
Lorsque les leaders respectifs des deux nations représentées reçoivent sensiblement le même message de leur gouvernement, leur demandant de prendre le contrôle de la station par tous les moyens nécessaires, la réalisatrice se montre tout à fait apte à instaurer un fort climat de tension dans les minutes suivant les premières attaques au sol.
Cet élément déclencheur est d'ailleurs suivi d'une image à couper le souffle d'une planète Terre à feu et à sang, pivotant derrière un des astronautes ayant dû s'aventurer à l'extérieur de la station pour tenter de réparer un bris technique.
Mais une fois les hostilités lancées entre les membres de l'équipage, I.S.S. peine malheureusement à entretenir son rythme de croisière. Les séquences et les conversations s'étirent en longueur pour tenter de rajouter un peu de viande autour de l'os, tandis que d'autres ne mènent ultiemement à rien. Et nous sentons d'autant plus que ces décisions scénaristiques se déploient à l'écran au détriment d'idées plus étoffées.
Du coup, le film arrive de moins en moins à rendre vraisemblable cette montée exponentielle de la méfiance entre les principaux intéressés, les soudains changements de comportement, et la désintégration à vitesse grand V des relations entre les deux partis, suivant des variations d'intensité beaucoup trop brusques et incongrus, plutôt que d'évoluer en crescendo.
Le virage à 180 degrés d'un des personnages paraît notamment beaucoup trop caricatural, tandis que le retour d'un autre est totalement gaspillé.
Dommage, car le jeu suffisamment naturel des six comédiens donnait un bon erre d'aller à l'ensemble durant le premier acte, mais ces derniers n'ont tout simplement pas assez de matière avec laquelle composer par la suite pour élever leur jeu d'un cran au moment opportun.
La finale pour le moins ambiguë aurait aussi pu être plus marquante si tout ce qui avait précédé avait été plus soutenu et habilement mené. Même la réalisatrice finit par tourner en rond à l'intérieur de son huis clos, le filmant d'une manière de moins en moins intéressante (et intéressée?), à l'instar de tout le reste.
Et pourtant, l'idée de départ de I.S.S. était excellente...
Dommage.