Moins catastrophique que la récente transposition cinématographique de Mortal Kombat, Resident Evil: Welcome to Raccoon City rappelle que la route est encore longue avant de voir une adaptation réussie d'un jeu vidéo.
S'il y a un film qui méritait d'être refait, c'est bien Resident Evil. Les six longs - et souvent médiocres - métrages de Paul W.S. Anderson n'ont jamais rien eu à voir avec les jeux vidéos cultes de Capcom, dont le volet d'introduction fête cette année son 25e anniversaire. Au lieu de l'action à revendre, on privilégie maintenant l'horreur et le suspense.
Il s'agit en fait d'un condensé des deux premiers épisodes de la série, se déroulant à la fois dans un manoir lugubre et un poste de police sinistre. Claire, son frère Chris, ainsi que Jill et Leon sont plongés dans une sombre intrigue de virus, alors qu'une ville fantôme est en proie aux zombies.
Très fidèle, cette production s'adresse d'abord et avant tout aux amateurs de ces aventures ensanglantées conçues pour la Playstation. L'ambiance y est similaire, l'atmosphère tendue et plusieurs angles de caméras reprennent celles de son modèle. Il y a suffisamment de clins d'oeil, de nostalgie (et une finale ouverte aux suites) pour remplir les exigences souvent démesurées des fans.
Est-ce qu'il s'agit pour autant de cinéma? Poser la question est y répondre. Les enjeux simplistes expliqués encore et encore ne perdront certainement pas les néophytes. Dès qu'il y a un moment mort, l'intérêt tourne au neutre, même à vide, avant de repartir par la suite. Un chemin de croix particulièrement laborieux. Surtout pour les comédiens, généralement talentueux (Kaya Scodelario sort clairement du lot, confirmant les espoirs fondés en elle par Andrea Arnold sur son inoubliable version de Wuthering Heights), qui doivent se contenter de rôles ingrats.
Puisant au coeur du cinéma d'exploitation des années 70, le récit s'amuse à rendre hommage à John Carpenter, d'Assault on Precinct 13 à The Fog. Il y a une efficacité à défaut d'une subtilité qui provient de la mise en scène même. Le réalisateur Johannes Roberts (auteur des peu convaincants The Strangers: Prey at Night, 47 Meters Down et sa suite) offre un travail satisfaisant, utilisant à bon escient l'ombre et la noirceur, développant des intrigues parallèles sur différents terrains et époques. Les sursauts gratuits ne sont toutefois pas épargnés, les effets spéciaux laissent à désirer et les véritables moments d'effroi sont rares, au contraire de situations souvent absurdes qui invitent au rire.
Welcome to the Raccoon arrive surtout à une époque saturée par les morts-vivants qui envahissent périodiquement les écrans de télévision et de cinéma, de Walking Dead à Brain Freeze. Sauf qu'il ne possède pas la charge émotive requise pour rivaliser avec des références contemporaines comme Dernier train pour Busan. Si seulement dans les années 90, lorsque le projet s'est mis en branle de transposer Resident Evil vers le septième art, les studios avaient fait confiance à George A. Romero (le père du classique Night of the Living Dead)...
Entre l'adaptation trop littérale et celle qui s'éloigne constamment du produit original, il devrait y avoir un juste milieu qui permet à la fois d'être cinématographique et de conserver l'âme, l'essence première. Une dualité qui laisse encore ici à désirer. C'est pourtant possible de voir le verre à moitié plein et se dire que malgré tous ses défauts (et il sont nombreux), ce retour aux sources s'avère nettement plus potable et cohérent que les derniers navets de la précédente série Resident Evil.