Sans prétendre révolutionner la cinématographie ou proférer des réflexions novatrices, Radio Pirate s'avère être un divertissement de qualité, malgré quelques superfluités et clichés importuns. Un scénario et une réalisation excentriques, dignes de l'effervescence et de la dépravation des années 60, emportent allègrement le spectateur dans cet univers contestataire qu'était le « peace and love ».
Dans une Grande-Bretagne à l'aube d'une révolution sexuelle et intellectuelle, le rock'n roll prenait une place importante dans la vie des citoyens. Mais la radio généraliste, la BBC, s'entêtait à ne diffuser que quelques heures de musique populaire, priorisant le jazz à un style qu'il prétendait impur. Radio Rock était l'une des radios pirates qui sillonnaient la mer du Nord en ne diffusant que du rock'n roll 24 heures sur 24. La popularité de ces stations clandestines dérangeait énormément le gouvernement qui tentait par tous les moyens de faire taire ces animateurs présomptueux.
Tout le film est bercé par cette frénésie anarchiste spécifique à l'ère du « Flower Power ». Les scènes en mer sont caractérisées par un mouvement de houle de la caméra et les plans sur Terre, dans les bureaux des dirigeants étatiques, sont plutôt fixes et classiques. Le sujet, bien que simpliste, est supporté avec ferveur par un scénario original et audacieux. Certains personnages trop stéréotypés, tels que l'adolescent friand de perdre sa virginité, le séducteur à la voix suave ou le hippie noctambule, dérangent à prime à bord mais s'avèrent tout de même efficaces au cours de l'histoire.
Les textes laissent une place importante au jeu des acteurs qui s'emparent de l'occasion pour créer des personnages éclatés et admirablement déséquilibrés. Lorsque le public peut ressentir le plaisir qu'ont eu les comédiens à interpréter leur rôle, la comédie devient accessible et les spectateurs se laissent transporter dans n'importe quel univers sans la moindre résistance. La musique est également une part importante de la réussite de Radio pirate. Des groupes tels que The Who, The Beach Boys, The Supremes ou des artistes comme Jimi Hendrix, Cat Stevens et Dusty Springfield accompagnent presque continuellement les images du film, décuplant l'effet d'attachement à cette époque révolue.
Plusieurs minutes auraient pu être retranchées sans influencer le déroulement de l'action principale (qui ne prend qu'un quart de tout le récit). Il est difficile pour une comédie de près de deux heures, surtout lorsqu'elle évolue dans un environnement si éclaté, de maintenir l'attention de son public jusqu'à la fin, et malheureusement Radio pirate souffre d'un dénouement plutôt lambin et de plusieurs égarements stériles.
Derrière cette image immuable de frivolité, le long métrage de Richard Curtis est tout de même construit avec dextérité et compétence. Les personnages colorés (même si trop nombreux pour l'attention que l'on porte sur chacun) sont attachants et l'univers dans lequel ils gravitent est enviable et captivant. The Who chantait « I'm not trying to cause a big sensation, I'm just talking 'bout my generation » et Richard Curtis, le réalisateur, fait de même, derrière sa caméra.
Sans prétendre révolutionner la cinématographie ou proférer des réflexions novatrices, Radio Pirate s'avère être un divertissement de qualité, malgré quelques superfluités et clichés importuns. Un scénario et une réalisation excentrique, digne de l'effervescence et de la dépravation des années 60, emporte allègrement le spectateur dans cet univers contestataire qu'était le « peace and love ».