****** Le film Pompéi est offert sur grand écran dès maintenant. *******
Quand le genre du film qu'on s'apprête à regarder est un « conte poétique », on se doute bien que nous n'aurons pas droit à des courses de voitures et des explosions. On est prêt à voir un film lent et contemplatif qui compare l'amour à une chimère et l'existence, à un gouffre sans fond. Mais, on espère quand même une histoire ou, tout au moins, une allégorie. Pompéi ne se risque même pas à construire un semblant de trame narrative. On promène le cinéphile dans un paysage désertique sans lui dire où on l'emmène. On lui laisse croire qu'il y aura une idylle entre deux adolescents meurtris par la vie et les rayons du soleil, mais elle ne devient jamais suffisamment intéressante pour pallier le vide qui se dégage de tout le reste.
Quand des cinéastes ne misent pas sur l'histoire, ils doivent se tourner vers autre chose : la direction photo ou artistique, le jeu des comédiens, la réalisation, etc. Le problème ici, c'est qu'aucun des autres éléments n'est assez puissant pour excuser l'absence d'un récit cohérent. Oui, les images sont belles : les panoramas, les couleurs (du ciel notamment), les textures, cette station d'essence abandonnée au centre de nulle part comme un iceberg au milieu l'océan, mais c'est loin d'être suffisant.
Si au moins il y avait de belles envolées lyriques sur lesquelles se rabattre, mais non, le silence domine presque chaque scène. Le scénario devait tenir en quelques pages seulement puisqu'on peut compter les répliques de chacun des personnages sur les doigts d'une main. D'ailleurs, ces héros du quotidien sont dépeints avec bien peu de nuances. Les comédiens apportent une certaine profondeur à leur alter ego, mais ils ne peuvent rien contre la lassitude intrinsèque et lancinante de l'oeuvre. Le Québécois Aliocha Schneider arrive à tirer son épingle du jeu grâce à une interprétation habitée, mais, encore là, c'est peine perdue pour amener un semblant de cohérence à cette proposition hermétique.
Le problème de Pompéi va au-delà de son genre; il existe des « contes poétiques » bien plus accessibles et séduisants que celui-ci. Malheureusement, on a l'impression que les réalisateurs, Anna Falguères et John Shank, ont été un peu trop autocentrés et en ont oublié leurs allocutaires. C'est bien dommage parce qu'on entrevoit tout de même du talent dans leur esthétique épurée.