C'est au tour de Poltergeist d'être refait, s'ajoutant à la longue liste de classiques horrifiques massacrés qui comprend déjà Psycho, Halloween, The Haunting et Carrie.
L'idée en soi est évidemment absurde. Pourquoi toucher à ce film culte de Tobe Hooper (The Texas Chainsaw Massacre) où la patte de Steven Spielberg était partout? Est-ce qu'il y avait des raisons suffisantes pour le remettre au goût du jour?
Manifestement pas en voyant le travail assez quelconque des pourtant talentueux Gil Kenan (le cinéaste derrière Monster House et City of Ember) et Sam Raimi (qui agit ici en tant que producteur). Plus question de développer les personnages ou une atmosphère. Il faut commencer directement dans l'action avec ces nombreuses apparitions de phénomènes inexpliqués.
La prémisse est pratiquement la même, avec cette famille de trois enfants qui emménage dans une maison hantée qui a été construite sur un ancien cimetière. Cette fois elle se trouve en banlieue et les parents passent leur temps à dépenser et à remplir les cartes de crédit. Une adaptation bien de son temps, pour le meilleur comme pour le pire.
S'il n'y a pratiquement plus de référence à Dieu et que les enfants sont plus courageux que leurs géniteurs, certaines choses ne changent pas. Comme cet écran de télévision malsain, cet arbre kidnappeur et ce clown terrifiant qui participe à la danse avec ses amis. Une séquence explosive met d'ailleurs en scène tous ces éléments à la fois. Un beau clin d'oeil qui épuise rapidement sa matière première.
Que reste-t-il après? Presque rien. Des tentatives ratées de faire battre le coeur plus rapidement (avec un écureuil possédé?), de la musique dans le tapis qui provoque des sursauts involontaires et une multitude d'occasions manquées de donner une bonne frousse. Le long métrage n'est jamais épeurant et c'est son principal défaut. Il tente paresseusement d'y arriver à deux ou trois occasions, échouant lamentablement.
Et s'il fallait prendre le tout comme une immense farce cynique? Les situations sont tellement ridicules qu'il est difficile d'adhérer au propos avec sérieux. Les effets spéciaux - et la 3D - s'avèrent souvent désolants, au même titre que le jeu inégal des interprètes. Sam Rockwell l'a parfaitement compris et il offre une prestation joyeusement caricaturale, pas tellement éloignée de celle de ses confrères de Scary Movie.
Il y avait pourtant matière à ne pas boire la tasse. Une rare idée intéressante du scénario est avancée vers la fin où un des héros s'introduit dans l'au-delà pour secourir sa jeune soeur. Ce qui s'y trouve fascine et terrifie tout à la fois. Ce monde n'est toutefois jamais bien exploité, les créateurs préférant passer plus de temps avec ces "chasseurs de fantômes" qui sont bien pâles à côté de ceux d'Insidious et The Conjuring.
N'ayant ni le charme ni l'esprit de l'original, ce Poltergeist du 21e siècle donne seulement le goût de revoir la version de 1982. Il faudra s'habituer à cette mode des remakes qui vampirisent tout sur leur passage, car on annonce pour bientôt des nouvelles montures de It, Cube, Pet Sematary et même The Birds. Non, ça ne s'arrêtera jamais.