La vision de Laurent Tirard du célèbre Molière n'a rien de la rigueur historique des biographies habituelles. Fantaisie imaginée à partir des quelques mois où l'auteur, criblé de dettes, a disparu en 1644, alors âgé de 22 ans, elle raconte plutôt ses aventures bourgeoises et donne plus souvent dans le marivaudage que dans une quelconque reconstitution historique. Et elle pose les bases de l'inspiration de Molière qui le mènera toute sa vie. Une comédie romantique qui a quelques bons moments, mais bien peu de corps.
Âgé de 22 ans, Jean-Baptiste Poquelin dit Molière est poursuivi par ses créanciers et jeté en prison. Libéré par M. Jourdain (un Fabrice Luchini pince-sans-rire mais en grande forme), il est engagé par ce dernier pour l'aider à séduire une jeune comtesse, tout en gardant le secret auprès de sa femme et de sa fille. Sa femme, d'ailleurs, qui s'intéressera au jeune homme qui habite chez elle, et qui se fait passer pour un homme d'église, un faux dévot nommé Tartuffe...
Bourré de clins d'oeil agréables (qui sont certaines des meilleures blagues) le film satisfera les connaisseurs de l'auteur. Si l'histoire demeure simple, elle ne se perd pas moins dans diverses longueurs et répétitions. Quelques moments comiques, en effet, mais aussi quelques fatuités un peu inutiles et particulièrement redondantes. L'humour est simplet mais frappe souvent juste.
Fantaisie ludique et amicale, Molière s'aborde facilement. Résumé du personnage sans récapitulation historique, traits dessinés grossièrement, le film entre rapidement dans le vif du sujet et évacue vite les préoccupations artistiques de Molière pour se concentrer sur ses problèmes financiers. Terre-à-terre, simple, agréable, on est vite transporté dans le monde comique de Molière, un domaine pour lequel, paraît-il, il avait plus de talent que pour la tragédie. On n'a pas de difficulté à le croire, à voir son film, bien plus efficace lorsque vient le temps de faire rire avec malentendus, cachotteries, adultère, crédulité et vers improvisés.
Romain Duris n'a pas du tout la tête de l'emploi, même s'il se tire bien d'affaire. Trop moderne, trop « auberge espagnole », il s'accommode mieux de l'aspect comédie que de l'aspect romantique. Son jeu minimal n'est pas tout à fait dans l'esprit des envolées lyriques et romantiques du film, il semble trop dadais pour séduire. Il ne parvient jamais à faire oublier ses rôles passés, et on ne peut s'empêcher de penser qu'un autre acteur, peut-être moins connu, aurait mieux incarné le personnage. Ah! Mais il aurait fait vendre moins de billets...
Une jolie petite histoire simple, sans vrai défaut mais sans qualité particulière. Un film qu'on ne verra pas pour une leçon d'histoire - ni pour une leçon de cinéma d'ailleurs - mais qui fait passer un beau moment avec le personnage de Molière. Pas avec l'auteur, lui, il est resté en prison. On n'ose pas, peut-être, s'y attaquer à cause du mythe qui l'entoure. Reste que son film complaisant et cordial fait plaisir.
Une jolie petite histoire simple, sans vrai défaut mais sans qualité particulière. Fantaisie ludique et amicale, Molière s'aborde facilement. Terre-à-terre, simple, agréable.
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