Remake d'un film mexicain sorti en 2011, Miss Bala s'avère une proposition générique, sans trop de saveur, qui aurait pu, ou dû, faire l'objet d'une sortie VOD (Video On Demand) seulement, sans ce séjour inutile dans les salles. Le film d'action nous rappelle bien d'autres oeuvres du même genre qui ne sont pas passées à l'histoire. Peut-être qu'avec la virtuosité d'un Denis Villeneuve, qui nous a offert l'excellent Sicario, la production aurait pu se démarquer dans le paysage cinématographique américain, mais entre les mains de la réalisatrice de Twilight, le long métrage s'essouffle rapidement.
On ne peut nier que la proposition de Catherine Hardwicke reste divertissante. Sans temps mort, Miss Bala nous propulse dans un monde de corruption et d'exploitation avec une énergie qui ne démord jamais. Si l'on se cache la tête dans le sable en se disant que ce film est une oeuvre de série B, déjà Miss Bala est plus appréciable que si on le considère pour ce qu'il est, c'est-à-dire un blockbuster commercial. Alors, le ridicule de certaines séquences ne nous perturberait plus autant, tout comme l'absurdité du dénouement. D'ailleurs, étrangement, l'oeuvre aurait gagné en crédibilité en exagérant volontairement certaines séquences d'action ou en ajoutant des pointes d'humour noir aux dialogues, souvent bien trop banals.
Gina Rodriguez s'avère plutôt épatante dans le rôle d'une jeune maquilleuse hollywoodienne qui, lors d'une descente dans un bar mexicain, est kidnappée par une organisation criminelle. Elle doit exécuter à la lettre les ordres des chefs de bande si elle veut retrouver son amie, aussi capturée par des scélérats. Dans cet univers pourrissant de l'intérieur, elle ne sait plus à qui faire confiance et réalise rapidement qu'elle ne doit compter que sur elle-même. L'actrice se démène pour nous faire croire à la proposition d'Hardwicke et, à certains moments, elle y arrive presque. Malheureusement, certains de ses comparses masculins, dont Anthony Mackie, ne sont pas aussi crédibles qu'elle.
Alors qu'on pourrait croire que Miss Bala véhicule des valeurs féministes en raison de sa forte et courageuse héroïne, on se rend rapidement compte qu'il exploite davantage un cliché et abandonne ses convictions au profit du bruit des balles. Peut-être serait-il préférable la prochaine fois de développer une nouvelle idée plutôt que de reprendre constamment celles des autres. Indéniablement, Miss Bala souffrira de comparaison et cette production ne peut vraiment pas se permettre d'être trainée davantage dans la boue...