Madagascar 3 est probablement le meilleur film de la franchise pour les jeunes enfants, mais le pire pour les adultes. Et comme Madagascar était reconnu pour être apprécié autant des parents que de leurs bambins, ce morcellement de l'auditoire n'est pas une bonne chose pour la conclusion attendue de cette populaire série d'animation. Les blagues restent généralement de premier niveau (mis à part quelques vannes pamphlétaires sur le peuple européen), l'histoire demeure assez linéaire et la qualité de l'animation, et la technologie 3D qu'on y a apposée, n'ont rien de suffisamment exceptionnel pour nous faire oublier les bourdes narratives. Il est évident que les jeunes cinéphiles, encore obnubilés par Winnie et sa bande ou Bob le bricoleur, n'en on rien à faire des maladresses actancielles des scénaristes, mais comme l'industrie du cinéma n'est pas financée par leur salaire, mais bien celui de leurs parents, l'intérêt de ces derniers s'avère une variable forte importante et non négligeable.
Après New York, Madagascar et l'Afrique, il était amusant d'imaginer les animaux du zoo de Central Park dans les casinos de Monaco à la poursuite des pingouins qui ont fui avec leur avion à réaction, réparée par les chimpanzés. Malheureusement, cette escapade dans les rues françaises est de courte durée. Rapidement, les mammifères se joignent à un cirque et le récit devient d'une prévisibilité assommante. Il faut noter que les quelques références au succès du Cirque du Soleil et les allégories sur le peuple canadien-français nous font sourire, mais ce sont des passages qui n'amuseront que les Québécois. À noter que la version française est doublée en France (comme c'était le cas dans les deux autres films précédents) et dérange immanquablement le Québécois qui ne comprend pas toutes les blagues, même si elles sont, à la base, dans sa langue.
Même s'il est évident que ce troisième chapitre est destiné à un très jeune auditoire - la balourdise des personnages, les couleurs flamboyantes, les idylles amoureuses prévisibles, la musique omniprésente et la simplicité de l'histoire nous le confirment -, le long métrage renferme tout de même quelques séquences qui pourraient effrayer les plus petits (notamment lorsque le Roi Julien rencontre l'ours unicycliste dans le wagon de train). Les nouveaux personnages, qui avaient pourtant beaucoup de potentiel sur papier et qui comptent notamment sur une otarie italienne hyperactive, un tigre d'Europe de l'Est qui, après un traumatisme, refuse de travailler et un guépard trapéziste, s'avèrent en fin de compte plutôt stéréotypés et insipides. Pourquoi des personnages distinctifs et attachants comme les pingouins-espions ou le Roi Julien, enfiévré par son désir de célébrité, sont-ils impossibles à reproduire? Et cette policière taxidermiste ne parvient jamais à menacer pleinement les animaux de New York qui échappent toujours assez aisément à son équipe de rustauds.
Malheureusement, Madagascar 3 ne renferme plus la fraîcheur et la fougue d'antan. Alex, Marty, Melman et Gloria ont mal vieilli et manquent de folie pour amadouer les cinéphiles, comme ils l'ont jadis fait avec tant de doigté et d'intelligence. Les enfants s'amuseront peut-être de voir un hippopotame sur une corde raide et un zèbre être lancé dans les airs comme un boulet de canon, mais l'âge adulte nous empêche de rire à tant de banalités. C'est vraiment dommage puisque cette franchise était parvenue à se dépasser et à apporter un vent d'exotisme à plusieurs générations... Comme quoi deux ne devrait pas toujours être sans trois.