Lire et détruire a l'air bien amusant, surtout de loin. La distribution toute-étoile se prête gracieusement au jeu des frères Coen, qui ont décidé de prendre une petite vacance des films lourds. De John Malkovich qui dit plus de « fuck » dans le film qu'il l'a fait dans toute sa carrière, à Brad Pitt, tout particulièrement à l'aise dans le rôle d'un imbécile heureux. Seule interprétation véritablement rafraîchissante du lot, il offre d'ailleurs les quelques seuls francs ricanements du film, qui est plutôt un film d'espionnage de paumés qu'une comédie. Pas à la hauteur de la réputation des frères Coen; une fausse promesse, en quelque sorte, sans enjeux, sans importance. Une suite de coïncidences anecdotiques qu'on oubliera rapidement.
Deux employés d'un centre de conditionnement physique, Linda et Chad, mettent la main sur les états financiers d'un agent de la C.I.A., Osbourne Cox, qui vient de quitter son emploi. Croyant qu'ils ont affaire à des documents top secrets, ils essaient de le faire chanter pour que Linda puisse se payer des chirurgies plastiques « urgentes ». Tout ça pendant que la femme de Cox le quitte pour un séducteur invétéré qui va d'ailleurs charmer Linda, adepte des sites de rencontre(s) sur internet.
Complètement à l'opposé de Non, ce pays n'est pas pour le vieil homme, qui a remporté plusieurs Oscars l'an dernier, Lire et détruire s'avère être une grande déception. Ces idiots qui ont vu trop de films (et qui évidemment les imitent) n'inspirent absolument aucune sympathie, d'autant que les coïncidences ironiques qui lient les personnages ne donnent pas les deuxième, troisième et quatrième souffles escomptés à l'histoire, qui ne dure pourtant que 96 minutes. Les espions, une fois démasqués, confirment la déception.
Chaque acteur a son moment à lui, et tous sont à la hauteur. Pitt est hilarant, Frances McDormand et John Malkovich pas mauvais non plus, ils semblent bien s'amuser. George Clooney, s'il frôle l'auto-parodie dans ce rôle de tombeur, atteint certainement le grotesque, un peu comme les revirements imprévisibles du scénario qui n'est bâti sur rien du tout; pas un seul enjeu sinon des chirurgies plastiques. Une ou deux illuminations, dont le passage très rapide à l'écran de J.K. Simmons (on ne les espérait plus...), permettent d'éviter l'ennui complet et rappellent que le film, aussi insuffisant soit-il, est conçu pour manipuler les horizons d'attente du spectateur. Ça, les Coen savent toujours le faire.
Ceux qui ont eu l'impression - j'en suis! - que Les tueurs de dames et Intolérable cruauté étaient des pertes de temps risquent de s'étouffer en voyant Lire et détruire. Pas de rire incontrôlable, non, mais de dépit. L'humour du film frôle une maladroite absurdité - par opposition à une « adroite » absurdité - et le plaisir qu'il procure (je ne parle pas ici de l'invention d'Harry!) est tout relatif. Les acteurs et les deux frères ont probablement eu plus de plaisir à le faire que nous à le regarder.
Ceux qui ont eu l'impression – j'en suis! – que Les tueurs de dames et Intolérable cruauté étaient des pertes de temps risquent de s'étouffer en voyant Lire et détruire. Pas de rire incontrôlable, non, mais de dépit. L'humour du film frôle une maladroite absurdité – par opposition à une « adroite » absurdité – et le plaisir qu'il procure (je ne parle pas ici de l'invention d'Harry!) est tout relatif. Les acteurs et les deux frères ont probablement eu plus de plaisir à le faire que nous à le regarder.