Alors qu'il recevait un prix-hommage pour l'ensemble de sa carrière, vers la fin de sa vie, Stanley Kubrick avait analysé le mythe d'Icare en déclarant : « Je n'ai jamais été convaincu que la morale du mythe doive seulement être, comme cela est généralement admis : « ne volez pas trop près du soleil », ou si on pourrait envisager qu'elle soit aussi : « oubliez la cire et les plumes, et faites un meilleur travail avec les ailes. » Danny Boyle a décidé de relever les deux défis à la fois. Se lancer vers le Soleil à bord d'Icare 2, dans un film qui sent l'hommage à plein nez. Sans jamais surpasser ses inspirations - Solaris de Tarkovsky et 2001 : L'odyssée de l'espace, du sus-mentionné maître du cinéma - Les derniers rayons du soleil pose un regard parfois dramatique, parfois féérique, sur ce dont Loft Story aurait l'air si l'on enfermait des scientifiques.
Huit hommes et femmes sont envoyés à bord d'Icare 2 pour tenter de raviver le Soleil, qui est sur le point de s'éteindre. Mais alors que l'équipage s'approche de l'astre, les traces d'Icare 1, un vaisseau mystérieusement disparu des radars, font dériver la mission de sa trajectoire. Et les problèmes commencent.
Dès ses premières images, le film installe une ambiance pesante et hostile qu'il conservera jusqu'à la fin. Ce qui permet au réalisateur d'explorer, en plus du système solaire, les recoins de l'émotivité humaine, entre empathie, utilitarisme et abnégation. Des moments d'une grande intensité morale, qui ne cherchent pas de coupable et qui ne tombent pas dans le simple sermon. Dommage que la finale s'abaisse à présenter ce qui pourrait bien être le fantasme du scénariste de 28 Days Later, Alex Garland, qui ne semble pas avoir fait son deuil des zombies qui ont envahi l'Angleterre. Un petit accroc qui ne laisse pas bonne impression, même si le tout est réalisé avec compétence.
L'inventaire des émotions et des réactions est habilement fait à travers une caméra savamment placée par Boyle et de nombreuses scènes d'action enivrantes.
Les acteurs Cilian Murphy et Chris Evans mènent une distribution de grande qualité qui fait preuve de beaucoup de maturité et de constance malgré les nombreux changements de ton - si profonds qu'on pourrait presque parler de changements de genres - du film.
Les derniers rayons du soleil aurait pu montrer le drame tel qu'il se déroule sur Terre pour ajouter à l'effet dramatique. Pourtant non, on ne quitte jamais ce vaisseau spatial lancé vers le Soleil pour sauver l'humanité. Il aurait pu devenir larmoyant, pourtant non, le professionnalisme des personnages impliqués est exemplaire. Le film pose des questions morales, et déchire parfois des convictions pourtant bien ancrées. Inapproprié autant pour les claustrophobes et les fantatiques d'explosions, le film s'adresse plutôt aux cinéphiles à la recherche d'un dépaysement. Quoi de mieux qu'un voyage spatial?
Danny Boyle a décidé de relever deux défis à la fois. Se lancer vers le Soleil à bord d'Icare 2, dans un film qui sent l'hommage à plein nez. Sans jamais surpasser ses inspirations - Solaris de Tarkovsky et 2001 : L'odyssée de l'espace, de Kubrick - Les derniers rayons du soleil pose un regard parfois dramatique, parfois féérique, sur ce dont Loft Story aurait l'air si l'on enfermait des scientifiques.