Adaptation d'un best-seller suédois de Jonas Jonasson (notez bien qu'on est loin de Stieg Larsson) publié en 2009, Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire de Felix Herngren (ou en anglais, The 100-Year-Old Man Who Climbed Out the Window and Disappeared, ce qui semble plus exact) démontre beaucoup de créativité et ne cesse de nous étonner avec les revirements imprévisibles de ce récit donnant allègrement dans la comédie noire. S'il y a effectivement quelques longueurs, on ne s'ennuie jamais, les nombreuses trouvailles de ce film étant particulièrement séduisantes. Peut-être le charme suédois/européen? Car le dépaysement, ici, est total.
Il y a de quoi. S'il fallait faire un portrait rapide du récit, il conviendrait de parler de la Guerre Civile espagnole, du Projet Manhattan, de Staline, d'Oppenheimer, d'un éléphant, de 50 millions de couronnes et de motards. Et encore là, le portrait est assez sommaire... Au fond, c'est l'histoire d'Allan, un petit garçon un peu simple qui aime les explosions. À partir de là, tout est possible...
Tout est possible grâce à Robert Gustafsson, qui incarne le héros au fil de ses aventures sur près de dix décennies. Au cinéma, l'humour découle de plusieurs choses : du rythme, du montage, de la situation, de l'inédit, mais aussi du langage et de la crédibilité, deux défis immenses dans ce cas-ci. L'univers « plausible » créé par Herngren n'allait certainement pas de soi, vu la complexité historique et géographique du récit, et que Gustafsson s'accommode aussi bien du contexte, en anglais ou en suédois, est tout simplement désarmant. Les (nombreux) acteurs secondaires aussi se démarquent par leur naturel malgré les circonstances parfois incongrues qui s'accumulent. La plupart ont à peine une scène pour se démarquer, et pourtant.
La réalisation ambitieuse d'Herngren fait bon usage d'un budget apparemment substantiel, pour le bien du récit. Comme le film est construit comme un road trip avec des flashbacks historiques où le personnage rencontre nombre de figures historiques, on n'a d'autre choix que de penser à Forrest Gump. Le charme opère et le récit parvient à maintenir l'intérêt la plupart du temps, malgré que la partie historique surpasse grandement en qualité la partie « fuite » de ce centenaire et de ses acolytes (pas de jeu de mot à faire ici). La finale déçoit un peu, quoiqu'elle soit dans le ton.
Au final, Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire est un film efficace qui réussit sa mission de divertissement, qui a des flash d'intelligence et un humour décalé séduisants et qui peut compter sur une distribution efficace. Un esprit de synthèse un peu mieux affûté (adapter un roman, toujours un défi) aurait sans doute permis de le rendre plus convaincant encore.