En visionnant cette nouvelle version de Murder on the Orient Express, inspirée du roman éponyme de la grande romancière anglaise Agatha Christie, on a souvent l'impression de se retrouver sur une planche du jeu Clue ou dans une soirée meurtres et mystères. Il y a quelque chose de sophistiqué et d'intrigant dans cette forme classique du suspense policier, mais, en contrepartie, cette structure devient rapidement fade si elle n'est pas exploitée avec beaucoup de rigueur. Il manque à Murder on the Orient Express cette touche d'extravagance et de caractère qui lui aurait permis de se distinguer des autres productions du même genre.
Hercule Poirot est très présent au sein de cette histoire. Bien qu'il s'agisse du protagoniste, on aurait espéré que le détective laisse davantage de place aux nombreux personnages secondaires ainsi qu'à son enquête, qui devient rapidement mineure en comparaison au portrait brossé de Poirot et à sa quête personnelle. Quand on sait que Kenneth Branagh est le réalisateur et le producteur du film en plus d'être l'interprète du personnage principal, on ne peut s'empêcher de trouver l'exercice un peu complaisant, voire narcissique.
« On ne ment pas à Dieu ni à Hercule Poirot. »
La distribution toute étoile de la production n'est assurément pas utilisée à son plein potentiel. Rares sont les films où on retrouve simultanément au générique les noms de Johnny Depp, Penélope Cruz, Willem Dafoe, Judi Dench, Daisy Ridley, Josh Gad et Michelle Pfeiffer. Pourtant, ils ne font tous que de très brèves apparitions, qui rendent rarement justice à leurs extraordinaires talents d'interprètes.
Heureusement, le film propose de superbes plans-séquences (notamment celle dans le wagon restaurant juste après l'annonce du meurtre par Hercule Poirot) et quelques autres scènes brillamment filmées. Branagh fait aussi une très bonne exploitation du huis clos, créant une tension palpable et soutenue entre les différents intervenants. L'histoire, pour sa part, ne manque pas d'interloquer le spectateur, même plus de 80 ans après sa création. Ceux qui n'auraient jamais lu le roman original ou vu le film de 1974, réalisé par Sidney Lumet, seront étonnés de la conclusion, qui s'avère aussi surprenante et intelligente qu'à l'époque.
À la toute fin du film, le scénariste Michael Green fait référence à une autre célèbre aventure d'Hercule Poirot, Mort sur le Nil. Aurons-nous droit à une suite? Si tel est le cas, on souhaite un long métrage plus audacieux, qui saura nous propulser à l'extérieur de la planchette de jeu, loin du Colonel Moutarde et de son chandelier.