Je ne m'y connais pas particulièrement bien en culture hip-hop, et encore moins en B-Boy, mais ce n'est pas Battle of the Year qui m'a donné l'envie d'en apprendre davantage sur cette danse née aux États-Unis (on nous le répète tellement souvent dans le film que le B-Boy est d'origine américaine qu'il est impossible d'en faire abstraction). Patriotique presque autant qu'un drame de guerre, Battle of the Year recycle tous les clichés de ces prédécesseurs, sans trouver une seule chose qui pourrait le différencier et nous permettre ultimement de lui pardonner ses faiblesses évidentes.
Comme dans tous les autres films de danse (et même plusieurs drames sportifs), un entraîneur alcoolique (il est alcoolique dans ce cas-ci, il n'est pas toujours alcoolique) est recruté pour monter une équipe parfaite. Comme il veut des participants qui ont la foi et le désir de vaincre, il choisit des gens de plusieurs milieux, qui se complètent, et parvient, avec ce groupe hétéroclite, à confondre les sceptiques et à atteindre le sommet pour finalement remporter la victoire la plus importante, celle du coeur. Un résumé tellement convenu, facile et stéréotypé qu'il arrive à nous décourager avant même que l'on en apprenne le sujet principal, soit ici, le B-boy (qui n'est pas, avouons-le, le type de danse le plus impressionnant quand on n'en saisit pas toute la difficulté technique).
Les messages de collaboration, de complicité et d'optimisme sont aussi plutôt classiques. On nous répète tellement souvent dans le film que le but est de former une équipe, d'enseigner à des jeunes à collaborer, qu'il serait particulièrement idiot de passer à côté de la morale. Le long métrage fait aussi preuve d'une très grande surdramatisation. L'entraîneur n'était pas obligé d'avoir perdu sa femme et son enfant dans un accident de voiture deux ans plus tôt et l'un des danseurs n'était pas obligé d'être un père de famille issu d'un milieu pauvre pour que le public soit interpelé par les personnages. Cette insistance est malsaine et entraîne plutôt l'effet contraire; rapidement, on se désintéresse du destin des protagonistes. Cela peut-être aussi dû au fait que Josh Holloway (le Sawyer de la série Lost) paraît inconfortable dans le rôle de cet entraîneur de basket, devenu coach de danse (pour des raisons plutôt invraisemblables).
Il y a bien quelques séquences de danse intéressantes, mais comme il y a des séquences de danse intéressantes dans tous les films de danse (ou presque) ce n'est pas cet argument qui nous permet d'être plus clément envers Battle of the Year. À ce niveau, les flashs mob de Step Up Revolution étaient plus originaux... Construit comme une grosse télé-réalité (mais sans l'attachement que l'on développe pour les participants d'une télé-réalité), Battle of the Year nous ennuie avec ses split-screen prévisibles, son scénario abrutissant et ses personnages unidimensionnels.