Le cinéma et la télévision ont beaucoup utilisé cette thématique des dangers du numérique comme trame de fond pour leurs suspenses ces dernières années. La série qui a le mieux atteint son but est certainement Black Mirror avec son ton noir et satirique et son genre qui frôle souvent l'épouvante. Le film The Circle avait de bonnes intentions, mais s'avère stérile tant dans son traitement que dans son impact.
Inspiré d'un roman sorti sur les tablettes en 2013, le long métrage nous paraît suranné, comme si ce monstre de la technologie qui vole nos libertés individuelles et anéantit progressivement le concept de vie privée avait déjà évolué et était devenu encore bien pire que celui, malléable, qu'on nous montre à l'écran. The Circle ne nous présente rien que nous n'avons pas déjà vu auparavant et n'arrive donc pas à susciter une réflexion sur les effets pervers d'internet, comme il semble vouloir le faire.
Cette histoire en est une que nous avons entendue des centaines de fois. Une jeune femme indépendante et solitaire est engagée dans une compagnie visionnaire qui veut rendre le monde plus sécuritaire en partageant l'information à l'ensemble de la communauté grâce à des caméras installées partout et des traceurs GPS implantés dans les os humains. La fille en question accepte de participer à une expérience de transparence et porte une caméra sur elle 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Rapidement, des millions de personnes sur la planète suivent son quotidien et commentent ses faits et gestes. Un débat éthique en découle. Malheureusement, celui-ci n'a pas l'effet espéré sur les cinéphiles.
Les scénaristes, soit le réalisateur et l'auteur du livre original, ont choisi une approche assez convenue pour exploiter leur sujet. Nous ne sommes pas ici dans le suspense technologique auquel on s'attendait. Le film s'avère un drame linéaire, assez morne, qui ne semble pas assumer complètement les idées révolutionnaires qu'il propose. D'ailleurs, la finale laisse perplexe. Les choix de l'héroïne sont douteux et, plutôt que de nous amener à réfléchir, la conclusion évasive nous force à oublier plus vite le film et ses enseignements.
Emma Watson n'est pas particulièrement convaincante dans le rôle principal. Nous avons du mal à saisir les intentions de son personnage et ses valeurs fondamentales. Son indécision et ses doutes ne nous ébranlent pas comme ils le devraient. Tom Hanks fait par contre un chef d'entreprise assez persuasif. Faussement emphatique et vraisemblablement brillant, il se révèle à l'image de ces grands leaders du monde technologique qui ont changé drastiquement notre façon de vivre et de communiquer.
The Circle manque d'audace et de caractère. Oubliable et monocorde, il fait bien pâle figure en comparaison à d'autres productions s'intéressant à la même thématique, à commencer par le sinistre et perturbant Black Mirror.