Contrairement à un film d'action ou d'aventures qui carbure à l'excès, un drame intimiste trouve sa force première dans la pondération, dans la circonspection et la tempérance. Il suffit qu'un seul paramètre (musique, scénario, réalisation, performance d'acteurs) se détache de l'ensemble, du coeur, pour compromettre l'efficacité générale de l'oeuvre. C'est probablement la réussite de cette démarche d'homogénéité et de constance qui fait de Last Night un film remarquable. La qualité du jeu des acteurs et la perspicacité du récit, son intelligence, sont aussi des causes substantielles à la supériorité de la coproduction américaine et française. Le désir qui habite chacun des protagonistes est palpable, plus que crédible, constatable. Il ne suffit pas de réunir de beaux comédiens et de les introduire au centre d'une histoire passionnelle pour créer des étincelles à l'écran, les interprètes doivent jouir d'un talent particulier pour établir une chimie entre eux, pour arriver à nous faire croire en leurs affinités et la fièvre qui embrase leur relation. Keira Knightley et Guillaume Canet sont probablement l'exemple parfait de cette chimie tant recherchée dans les longs métrages sentimentaux. Le spectateur ne peut douter de la sincérité de leurs sentiments, de l'amour que chacun éprouve pour l'autre; c'est un fait concret, perceptible à l'écran.
L'un des problèmes les plus fréquents dans ce genre de production est l'inégalité du récit; en particulier les terrifiantes longueurs qui effraient tant le public nord-américain, mais Last Night parvient à établir une histoire assez intrigante, assez pertinente, pour tenir les cinéphiles en haleine malgré la passivité de la narration. Ce n'est pas parce que l'histoire est conventionnelle (un couple marié expérimente le désir pour quelqu'un d'autre que leur conjoint) qu'elle n'est pas originale ou pittoresque; d'entrer dans l'intimité d'un couple marié et d'être témoin silencieux de leurs égarements et leurs doutes est tout aussi fascinant qu'assister à un vol de banque spectaculaire ou à une attaque terroriste meurtrière (à un niveau différent bien entendu). La justesse des textes et des sujets exploités explique également cet aspect captivant. Massy Tadjedin a réussi à construire des dialogues magnifiques et profonds qui en révèlent souvent bien plus sur l'humain qu'on pourrait le croire à la première écoute. « Et si les choses s'étaient passées différemment... » est la prémisse de nombre d'oeuvres dramatiques et philosophiques mais l'approche très personnelle de la cinéaste, très sensible, en fait une hypothèse judicieuse.
La réalisation assez humble, soulignée par quelques coupes franches et succinctes, colle parfaitement avec l'esprit fragile et empathique du film. Peut-être aurait-on pu laisser parler davantage les silences plutôt que de les couvrir par une musique d'ambiance parfois agaçante, mais cette mélodie (presque) omniprésente donne une structure plus convenue au long métrage, l'empêchant peut-être de tomber dans l'essai poétique, souvent moins accessible.
Last Night, bercé par certaines inspirations européennes et - généralement - construit selon les canevas conventionnels américains, parvient à exploiter efficacement ses influences internationales pour nous livrer les mémoires de quatre âmes tourmentées. Un film profond, senti, humain, qui nous parle d'amour et de fidélité sans tomber dans le cliché et l'évidence. Quand le désir est insoutenable, la passion bouillonnante et l'attirance magnétique, peut-on seulement se retourner et courir se cacher dans les draps du mariage?
Un film profond, senti, humain, qui nous parle d'amour et de fidélité sans tomber dans le cliché et l'évidence. Quand le désir est insoutenable, la passion bouillonnante et l'attirance magnétique, peut-on seulement se retourner et courir se cacher dans les draps du mariage?
Contenu Partenaire