Il y a des franchises meilleures que d'autres. Après un Olympus Has Fallen en mode Die Hard cheap et le désastreux London Has Fallen qui fut l'un des pires films de 2016, que nous réserve Angel Has Fallen? Pas grand-chose de nouveau, si ce n'est un long métrage suranné qui fait parfois la job. Et ça, c'est déjà beaucoup pour une licence aussi consternante.
On retrouve d'ailleurs tout ce qui constitue l'ADN de ses prédécesseurs : du patriotisme à outrance, de la propagande douteuse, de la testostérone dans le tapis, un leader en danger et un héros qui ferait tout pour son pays. Ce dernier est toujours campé par un Gerard Butler égal à lui-même. Comme dans les bons épisodes de Mission: Impossible, ses supérieurs l'accusent d'un complot qu'il n'a pas commis et le bon père de famille devra tout faire pour clamer son innocence.
Cette oeuvre ne brille pas par son originalité. Il n'y a rien que l'on n'a pas déjà vu des milliers de fois et le récit, prévisible au possible, fait la part belle aux invraisemblances et aux dialogues risibles. Ce n'est toutefois pas pour son scénario mécanique que la série a remporté un immense succès au box-office.
Le spectateur y va pour les scènes d'action qui s'avèrent assez explosives. Malgré une introduction qui traîne en longueur et des passages plus familiaux/sentimentaux qui plombent le rythme, les séquences musclées décoiffent. Encore là, les modèles sont clairement identifiables (The Fugitive, Dark Knight), ce qui n'empêchera pas les irréductibles d'adhérer à l'entreprise. Entre les séances de tirs et les attaques de drones, la tension augmente aussi rapidement que la violence, n'étant affaiblie que par des effets spéciaux inégaux.
Pas surprenant que le cinéaste Ric Roman Waugh, fidèle à ses habitudes, privilégie encore une fois les tons sombres de gris et de noirs, brouillant la vue afin que l'on saisisse moins ses imperfections. Bien que moins à l'aise que sur ses précédents Snitch et Shot Caller, le réalisateur maîtrise le genre, offrant un travail de mise en scène compétent à défaut d'être transcendant.
Les acteurs font le reste. Peut-être pas Gerard Butler, mais Morgan Freeman qui a l'occasion, deux décennies après Deep Impact, de camper à nouveau le président des États-Unis. Évidemment qu'il joue pour le chèque de paie, ce qui n'empêche pas ses discours appuyés et moralisateurs de porter ses fruits. Aaron Eckhart a déclaré forfait pour ce troisième tour de piste et il a été remplacé par une multitude de comédiens talentueux - Danny Huston, Jada Pinkett Smith, Lance Reddick - dont le plus truculent est certainement Nick Nolte en papa du héros. Il faut voir ce personnage mi-ours mi-Père Noël marmonner son texte et se ridiculiser dans la scène post-générique.
À une époque où le film d'action verse littéralement dans la parodie (John Wick 3, Hobbs & Shaw, Stuber, Cold Pursuit), Angel Has Fallen ose le premier degré, offrant une production datée et beaucoup trop sérieuse pour son propre bien. Ce n'est vraiment pas la pire offrande du triptyque (mais est-ce un bon point de comparaison pour une série aussi médiocre?) et à côté d'un navet comme Anna, l'effort apparaît presque admirable. Sauf que l'ensemble, efficace à ses heures, ne possède aucune munition particulière afin de sortir du lot et de faire sa propre marque. On le verrait toutefois bien croiser le fer avec les Taken, autre franchise catastrophique s'il en est une.