Un peu plus d'un an avant sa sortie (évidemment retardée en raison de la pandémie de COVID-19), la rumeur circulait déjà à l'effet que la plus récente entrée dans la franchise Evil Dead, réalisée par un cinéaste relativement inconnu, était si solide que Warner Bros. avait finalement décidé de laisser tomber sa diffusion sur la plateforme HBO Max pour lui octroyer une sortie en salles en bonne et due forme.
La question était maintenant de savoir si l'enthousiasme des producteurs était réellement justifié.
Et la réponse est... Définitivement.
Evil Dead Rise est beaucoup plus proche du traitement résolument gore et brutal du remake qu'avait signé Fede Alvarez en 2013, que du mélange inégalé d'horreur et de comédie que nous proposait la trilogie de Sam Raimi (qui agit ici à titre de producteur exécutif aux côtés de Bruce Campbell).
Ce qui ressort avant tout du long métrage de Lee Cronin, c'est le fruit d'un labeur guidé par un amour indéfectible pour la franchise et le cinéma d'épouvante au sens large.
Mais avant de nous faire découvrir les atrocités que l'esprit malveillant réveillé de son profond sommeil fera subir aux principaux personnages, Cronin (qui signe également le scénario) s'assure de mettre en place deux éléments fondamentaux : l'intérêt et l'empathie que doit ressentir le spectateur pour lesdits personnages.
Après nous avoir ramenés dans les bois le temps d'une séquence d'ouverture pour le moins impitoyable, Evil Dead Rise change de décor, nous transportant dans un immeuble sur le point d'être détruit où vivent Ellie et ses trois enfants.
Déjà, le cinéaste ne cherche pas à nous présenter cette famille comme étant plus parfaite qu'elle ne l'est réellement. Il s'agit d'un clan atypique, mais tissé serré, dont il représente les interactions de manière étonnamment tangible.
Dès que nous pénétrons dans l'immeuble, Cronin et le directeur photo Dave Garbett se servent des éclairages sombres et des décors montrant l'usure du temps pour installer l'atmosphère sinistre et lugubre de la prémisse au même rythme que sont établies les bases des différents personnages.
À la suite d'un tremblement de terre, l'unique fils d'Ellie tombe par hasard sur le fameux livre des morts et de vieux disques contenant les incantations qui, une fois jouées, réveille un esprit maléfique qui prend aussitôt possession du corps et de l'esprit de la mère monoparentale.
Evil Dead Rise délaisse ainsi le bassin de victimes habituels de ce genre de récits pour plonger une famille qui n'avait rien demandé - et surtout rien fait - pour être confrontée à un tel maëlstrom d'horreur et de violence.
Et tous les interprètes donnent ici leur 110 %, en particulier Alyssa Sutherland, qui y va d'une prestation aussi physique que malaisante et terrifiante dans la peau de la matriarche, devant la dernière chose qu'elle aurait souhaité être à l'égard de ses progénitures.
Et lorsque les enfants deviennent à leur tour les victimes de ce carnage, Cronin nous fait bien comprendre que tous les coups sont permis. Ce dernier respecte les rouages d'une certaine trame dramatique d'usage, mais en se vautrant sans retenue dans les pièges et les machinations qu'elle implique. Le tout en l'imprégnant d'un discours où les thèmes de la maternité et de la perte de l'innocence sont abordés d'une façon tout aussi tordue et insidieuse.
Le réalisateur fait également preuve d'inventivité derrière la caméra, sa vision macabre et sadique venant avec son lot de séquences très habiles (notamment une, filmée à travers un oeil magique) et de plans horrifiants et déstabilisants superbement composés, laissant paraître un réel travail de mise en scène.
Evil Dead Rise s'approvisionne à même les éléments les plus classiques du cinéma d'horreur (lieux sinistres, trame sonore insistante, os qui craquent, effusions de sang, créatures grotesques, etc.) pour nous servir un cocktail d'images chocs et de situations aussi excessives que dégoutantes et malaisantes.
Nous accordons également des points pour l'excellent hommage à une scène culte du Shining de Stanley Kubrick.
Et plutôt que de ralentir la cadence dans le dernier droit, Lee Cronin appuie sur l'accélérateur pour nous offrir l'une des finales les plus sanglantes que nous ait donné le cinéma de genre américain depuis... eh bien... le remake d'Evil Dead.
Au bout du compte, Evil Dead Rise ne fait jamais dans la demi-mesure pour offrir aux fans exactement ce à quoi ils s'attendent. Le parcours est, certes, bien défini. Mais c'est précisément cette familiarité qui rend tous les nouveaux éléments intégrés au spectacle aussi efficaces, perturbants et angoissants.
Nous n'en demandions pas tant!