Sorte de course contre la montre aux relents de science-fiction et de terrorisme, L'oeil du mal est l'un des films d'action les plus bruyants, explosifs et efficaces des dernières années. Bien sûr, tout ne tient pas la route, mais le propos, une fois les quelques prétextes sensés poser les impératifs de l'aventure annoncés, s'avère d'une actualité effrayante. L'enquête est rondement menée, les protagonistes beaucoup trop chanceux, mais à mesure que l'intrigue se dévoile, on est de plus en plus impressionné pas les moyens déployés pour faire de cette histoire autre chose qu'un simple divertissement. Ce qui n'empêche pas qu'on en sorte un peu décoiffé.
Après l'enterrement de son frère, Jerry Shaw rentre chez lui pour découvrir des armes et des produits chimiques entassés dans son appartement. Rapidement coincé par le FBI, il reçoit sur son téléphone de mystérieux appels d'une « voix » qui lui donne des ordres où qu'il soit. Rachel Holloman, qui vient de reconduire son fils à la gare, reçoit aussi un appel de la « voix ». Les deux devront travailler ensemble mais surtout obéir, pendant qu'un agent du FBI se lance à leur poursuite, croyant avoir affaire à des terroristes.
Les poursuites et explosions sont un enrobage nécessaire à un propos orwellien sur cette perte de la vie privée qui vient avec tous les Facebook, MySpace, cellulaires et lois fédérales de ce monde. Subtil pour ne pas dire secondaire - on veut bien l'admettre - mais déjà c'est franchement mieux qu'un « Crinqué », un Clanches! (oh les souvenirs!) ou les autres. Le film, d'ailleurs, préférerait rappeler 2001 : L'odyssée de l'espace; la référence est beaucoup trop évidente pour être fortuite. Disons que le travail de D.J. Caruso rappelle d'avantage celui de Michael Bay que celui de Kubrick, cela est admis, mais il ne faut pas oublier une chose : ça a déjà marché, et ça marchera encore.
Dans le rôle principal, Shia Labeouf est formaté pour ces films d'action trépidants, et son charisme tout relatif suffit à tenir en place les principaux éléments de ce film en ajoutant quelques éléments humoristiques qui font le contrepoids à une « intelligence » (terme qui a, en anglais, un double-sens impossible à traduire et qui fait référence aux données top secrètes qu'on amasse sur les terroristes) qui ne cache quand même pas l'alarmant portrait de société dans lequel baigne le film. C'est ce qui est le plus stimulant, au-delà de l'histoire, dont le dénouement ne saurait surprendre personne.
Et puis à la fin, quand on a finalement repris son souffle, on peut même se demander si la logique implacable de l'intelligence artificielle ne détiendrait pas la clé de l'énigme pour faire de L'oeil du mal un meilleur film encore : l'absence de bons sentiments, cet énergumène cinématographique qui fait des héros des perdants qui vont s'accomplir, des mères en détresse et qui crée l'amour dans les moments les plus incongrus. Au-delà de ces petits défauts anodins et pas étonnants du tout, le divertissement plus intelligent que la moyenne offert par L'oeil du mal vaut le déplacement.
Au-delà de ces petits défauts anodins et pas étonnants du tout, le divertissement plus intelligent que la moyenne offert par L'œil du mal vaut le déplacement.
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