Quand on nous informe d'emblée que le film est une histoire vraie - et qu'on le fait avec autant d'insistance (une phrase et ensuite les deux mots restants - histoire vraie -) -, on sait que s'approcher le plus possible de la réalité était un intérêt majeur du réalisateur et qu'on tentera de nous toucher grâce à ces deux mots, devenus si importants au sein du cinéma moderne. S'imaginer que ces choses se sont réellement passées, que des centaines de famille ont véritablement arpenté les hôpitaux et les débris pour retrouver leurs proches ou le corps de ces derniers, vient évidemment ébranler le public, conquis dès les premières scènes.
Mais, il y a une façon d'aborder le drame - inspiré de faits réels ou pas - et, règle générale, The Impossible ne nous propose pas des émotions, il nous les impose. À grands coups de musique dramatique, des pleurs d'enfants orphelins, de cris de détresse, de corps et d'âmes accidentés, on nous enfonce dans la gorge des sentiments qui n'auraient pourtant nécessité aucune fioriture. Lorsque trois jeunes garçons retrouvent leur père qu'ils croyaient mort après avoir été victimes d'un tsunami, la symphonie de violoncelle n'accentue aucunement notre affliction et notre compassion. Le silence et les sanglots de la famille maintenant réunie auraient suffi à nous émouvoir sans nous écorcher comme le fait bêtement la post-production.
La première moitié du film - qui dévoile l'expérience traumatisante qu'a vécu la mère et le fils aîné - s'avère d'une efficacité et d'une intensité indéniable, mais lorsqu'entre en scène le père et les deux autres enfants, le récit s'embourbe dans le mélodrame et perd considérablement de l'intérêt. Évidemment, on pleure et on est ému tout de même, mais l'obstination du film à nous émouvoir finit par nous déranger.
La qualité des maquillages (le corps accidenté de Naomi Watts; sa blessure ouverte à la jambe, ses nombreuses coupures et hématomes et sa poitrine gravement écorchée) est exceptionnelle, tout comme celle des effets spéciaux. Le tsunami épate dès les prémisses (celui de Hereafter avait impressionné en 2010 et celui-là le fera aussi) grâce à son réalisme troublant, tout comme les nombreuses séquences sous l'eau, filmées avec une caméra nerveuse, emportée par le courant. Les éléments de la post-production - montage, musique, effets spéciaux - sont peut-être trop présents à un certain moment, mais on ne peut pas nier leur grande puissance et leur utilité, point de vue réalisme et rigueur.
Cette histoire en est une troublante qui démontre, sans aucun doute, la force de l'être humain et son obstination. Et, même si on force les émotions et nous impose une idéologie, elle parvient à nous transporter et nous secouer. Qu'on ait voulu ébranler à tout prix, de par le sceau de l'histoire vraie et de nombreux ornements inutiles, ne fait que laisser une ombre au tableau, un goût amer et regrettable sur une production qui aurait pu être d'autant plus puissante si on ne l'avait pas si bêtement garnie.