Difficile de dépeindre l'ère des Vikings sans les effusions de sang. Vous ne serez donc pas surpris d'apprendre que The Northman, se déroulant au Xe siècle en Islande, est d'une violence inouïe. Les têtes coupées s'agglutinent sur le champ de bataille avec les viscères et les carcasses ensanglantées. Au centre de ce tableau barbare? Alexander Skarsgard, musculeux, animal, qui transperce de son épée sacrée tous ceux qui se dressent entre lui et sa vengeance.
L'acteur d'origine suédoise incarne Amleth, un prince nordique, qui a vu son père être assassiné par son frère alors qu'il était tout jeune. Il devient un puissant combattant et, une fois adulte et prêt à la bataille épique dont il rêvait, revient sur sa terre natale pour tuer son oncle, libérer sa mère et récupérer son royaume. Sa route sera parsemée d'embûches et il sera confronté à des choix déchirants qui détermineront le reste de sa vie.
En plus de dépeindre les combats féroces de l'époque, The Northman s'intéresse aussi à sa mythologie. Le protagoniste se retrouve souvent en présence d'oracles ou participe à des cérémonies ésotériques où il se transforme en bête sauvage. Ces cultes et pratiques sont tellement loin de nous que de voir ces hommes costauds hurler à la lune étonne plus qu'impressionne. On atteint la limite lorsque, lors d'un de ces rites sacrés, le père et le fils doivent roter et péter pour prouver leur humanité. On a poussé la chose juste un petit peu trop loin ici.
La réalisation de Robert Eggers est sans faille. Même si les images qu'il nous présente sont d'une effarante brutalité, elles sont aussi somptueuses. Rendre le laid aussi beau n'est pas une mince tâche, mais Eggers a réussi l'inconcevable. Les paysages verdoyants islandais sont à couper le souffle et les villages décimés par les envahisseurs regorgent d'une étrange beauté. La scène finale, hypnotisante, dans un volcan en éruption vaut le détour. On ne sort pas du cinéma complètement indemne tellement elle nous transperce.
Robert Eggers a définitivement choisi d'embrasser l'excès, tant dans ses dialogues habités que dans ses mises en scène chargées, et on doit dire que ça fonctionne. On embarque complètement dans son univers bestial et décomplexé. Les acteurs se sont commis entièrement à cette théâtralité, de Skarsgard à Nicole Kidman en passant par Anya Taylor-Joy et Björk. The Northman est un film qu'on recommande de voir sur grand écran et, si possible, en version originale pour une expérience optimale.