D'abord, il faut le dire, il y a peu de personnages animés aussi attachants que Winnie L'ourson. Ce petit ours gourmand a bercé plus d'une génération d'enfants grâce à ses aventures rocambolesques et ses valeurs positives. Nous étions ravis de savoir que Disney allait lui donner vie dans un film en prises de vue réelles. Mais, l'entreprise était tout de même risquée. Dénaturer une icône comme Winnie aurait été une impardonnable infamie. Heureusement, Marc Forster nous livre ici une histoire dans l'esprit candide et guilleret des livres d'A.A. Milne. Il rend un hommage moderne et inspirant à l'oeuvre de ce dernier, qui a su traverser les époques avec panache.
D'un point de vue esthétique et visuel, Christopher Robin épate. Il faut quelques minutes au spectateur pour s'adapter à la nouvelle apparence de ses héros préférés, mais une fois le choc de la nouveauté passé, impossible de ne pas être fasciné par ces peluches vivantes. Le réalisateur a voulu que les personnages aient l'apparence de toutous que des enfants auraient trimbalés pendant des années, laissant quelques stigmates sur leur pelage coloré. Le résultat est ahurissant. On ne peut qu'être épaté par l'évolution de la technologie en matière d'animation. Winnie et ses amis Tigrou, Porcinet, Coco Lapin, Maître Hibou, Grand Gourou, Petit Gourou et Bourriquet n'ont peut-être pas vieilli physiquement comme Jean-Christophe, qui est maintenant devenu adulte, mais le temps a tout de même laissé sa marque...
Le large éventail d'émotions que le réalisateur et son équipe sont parvenus à transmettre à travers le visage des protagonistes animés s'avère aussi fort impressionnant. Nous avons pleuré à deux reprises dans ce film qui invite à se rappeler les joies de l'enfance. On ne peut rester de marbre quand le petit ourson regarde s'éloigner son ami Jean-Christophe, faisant mine d'être serein à l'idée de le quitter à nouveau. La finale engendre également des pleurs de par sa grande sérénité.
Winnie est, certes, attachant, mais notre coup de coeur revient à Bourriquet. Ce petit âne déprimé et flegmatique nous fait rire de bon coeur et nous charme grâce à son apathie qui entre en contraction avec l'esprit enjoué de la plupart des membres de la bande à Winnie. Quel beau personnage!
L'acteur Ewan McGregor possède cette étincelle juvénile dans le regard qui lui permet de jouer un adulte qui reconnecte avec son enfant intérieur. Et, à l'inverse, la jeune Bronte Carmichael interprète sans peine une fillette qu'on force à vieillir trop vite.
Autant les enfants que leurs parents apprécieront cette visite dans la Forêt des rêves bleus. Le long métrage véhicule des valeurs primaires essentielles. « Prendre le temps de vivre » paraît simpliste comme enseignement, mais il y a bien peu de choses aussi primordiales dans la vie... Winnie dit : « il ne faut pas sous-estimer la valeur de ne rien faire », voilà une philosophie d'ourson que les humains devraient adopter.