Sorti il y a tout juste deux ans, à peine quelques années après le troisième volet d'une série novatrice de films de super-héros (qui a cependant affreusement mal vieilli), The Amazing Spider-Man avait relevé un défi de taille : renouveler, sans paraître trop redondant, une histoire déjà abordée au cinéma et fraîche à la mémoire de tous. Ce film, qui s'adressait à un public jeune plutôt qu'à un public de geeks comme les films de Raimi, misait généralement juste autant dans l'humour que dans le ton. Le deuxième volet reprend donc dans la même veine, en plus de proposer encore une fois des acteurs compétents et des effets spéciaux de première qualité. Un vrai blockbuster d'été, quoi.
Encore davantage que dans le premier film, les qualités ressortent lors des moments plus intimes - qu'on croirait tirés d'une comédie romantique traditionnelle - entre la superbe Emma Stone et Andrew Garfield. Le charisme des deux jeunes comédiens est évident et leur complicité, palpable. Leur relation « c'est compliqué » (à la Facebook) est aussi importante au sein de la trame que les méchants et la menace qui pèse sur New York (c'est aussi un problème, nous y reviendrons). De la même façon, l'humour, omniprésent et diversifié, fonctionne très bien.
Le long métrage adopte souvent un ton juvénile, bon enfant, quasi-naïf (comment expliquer qu'Harry se débarrasse aussi aisément de deux gardiens de sécurité? C'est pourtant essentiel à l'histoire, comme l'appareil-photo « oublié » dans le premier film) en plus de ces thématiques « adolescentes » d'amour, d'influence des parents, de quête identitaire, de nonchalance et de provocation (soft). La musique (et en particulier le thème d'Electro), est très efficace quoiqu'envahissante à certains moments.
Ce n'est peut-être pas cependant ce que recherchent les amateurs de la première heure de la bande-dessinée; Marc Webb essaie donc de les contenter avec une surenchère d'effets spéciaux généralement efficaces, à défaut d'être révolutionnaires.
The Amazing Spider-Man 2 s'adresse à un public très large, très jeune, et est en ce sens assez bien mené quoique beaucoup trop long à 2h20. Si le film n'est pas plus passionnant, c'est sans doute parce qu'il n'a pas de méchant digne de ce nom; Rhino est à peine évoqué (et est peut-être le seul effet visuel véritablement raté), Electro n'est jamais une véritable menace pour le héros et le Goblin n'apparaît qu'en toute fin de périple, ouvrant la série à de nouvelles aventures dans une ou des éventuelle(s) suite(s). On a un peu l'impression que ce film-ci fait la transition ce qui le rend aussi moins palpitant. Trop de personnages, trop de tout, dans tous les sens.
Ce qui nous ramène cependant à une autre des qualités du long métrage : son audace lors de la conclusion. Ceux qui doivent savoir savent déjà ce que le destin réserve à certains des personnages de cette franchise; Webb parvient à pousser aussi loin que possible le drame et l'impact émotif est convaincant et la scène, très belle. C'est cette audace qui fait de The Amazing Spider-Man 2 une réussite malgré des défauts apparents.