Rigueur les amis, rigueur! Quand un film utilise autant les coïncidences et renferme un nombre aussi impressionnant de clichés et de trous au sein de sa narration, il est difficile pour un critique (et même pour un cinéphile) de retenir son exaspération. On dira probablement qu'il s'agit d'un divertissement pour adolescents et qu'il faut être indulgent, mais c'est faux! Il y a de très bons films pour ados qui ont atteint leur cible sans ce genre de manigances affligeantes.
La trame - celle d'un garçon élevé sur la planète Mars qui débarque sur la Terre et décide de retrouver son père biologique ainsi que la jeune femme avec qui il communique via Skype - n'était pas si mauvaise. Il y avait là du matériel à un film d'ados original. Toutefois, le tout se gâche rapidement, notamment en raison des nombreuses questions qui restent sans réponses. Personnellement, voici celles m'ont taraudé tout le long : « Si la mère est décédée à son arrivée sur la planète, avec quoi les autres astronautes ont-ils nourri le nourrisson? » et « Comment peut-on voler autant de voitures et ne jamais se faire intercepter par les propriétaires ou la police? »
Peut-être que le fait d'avoir placé l'histoire dans un futur si proche (l'enfant est né en 2018) teinte négativement notre vision de ce monde. On ne peut se résoudre à des ados qui correspondent par internet de Mars à la Terre et aux progrès hallucinants de la conquête spatiale. Les clichés se multiplient dans cette production. On nous balance des phrases préfabriquées (« Ta mère n'est pas ici, elle est en toi ») et espère qu'on s'y raccroche. On ajoute aussi des références culturelles (notamment au film allemand Wings of Desire de Wim Wenders duquel s'est inspiré City of Angels) en croyant bonifier l'aspect romantique, mais on ne fait qu'accentuer les poncifs.
La règle #1 dans la réussite d'un film d'amour est la chimie entre les deux protagonistes. Malheureusement, on ne croit pas du tout au couple formé par Asa Butterfield et Britt Robertson. Une adolescente rebelle qui a été promenée de familles d'accueil en familles d'accueil ne s'éprendrait pas d'un maigrelet malade qui dit venir d'une autre planète, c'est impossible, même au cinéma. Il n'y a pas non plus d'électricité ni de tension entre les deux comédiens, ce qui refroidit rapidement le public. Et l'on ne parlera pas de cette séquence de rapprochements qui crée davantage de malaises que d'excitation.
The Space Between Us n'a pas raconté la bonne histoire. Il y avait du bon dans les prémisses, mais l'amour jouvenceau était loin d'être le plus intéressant du lot.