Après un premier film au charme modeste qui faisait preuve d'une inventivité rafraîchissante et un deuxième volet bêtement mignon, le joyeux quatuor formé de Sid le paresseux, Manny le mammouth, Diego le tigre à dents de sabre et l'inimitable écureuil malchanceux Scrat est de retour dans un troisième film qui trouve enfin le juste ton pour rejoindre son public-cible. N'allez pas en espérer plus. Si on parle souvent de la maturité des productions de Pixar, de la bonhomie des films de Dreamworks, il faut absolument envisager ceux de Fox comme de simples divertissements enfantins pour les enfants (pléonasme révélateur), et seulement pour les enfants.
Manny et sa compagne Ellie attendent un bébé, ce qui rend Sid un peu jaloux. Confronté à sa solitude, ce dernier trouve trois oeufs de dinosaures et décide d'adopter les petits. De son côté, Diego a envie de satisfaire ses instincts de chasseur et envisage de quitter ses amis, tandis que Scrat fait la rencontre inattendue d'une jolie écureuil femelle. Tout irait bien si Sid, déterminé à conserver sa nouvelle famille, n'était pas enlevé par leur mère légitime, qui l'emmène dans un monde peuple de dinosaures et de créatures dangereuses... Ses amis n'ont d'autre choix que d'aller à sa rescousse.
Quand on prend le temps d'y penser un peu, l'intrigue de ce troisième film ne tient absolument pas la route et ne profite pas des multiples possibilités qui s'offraient pourtant à lui. On est toujours dans l'anecdote, et cette visite dans un monde souterrain hors du temps, qu'on prend le temps de bien refermer, n'influencera pas la vie des quatre héros. Mais le mot-clé ici, c'est « temps »; on n'a pas le temps d'y penser un peu, surtout si on a 7 ou 8 ans, puisqu'on est trop occupé à rire de bon coeur des péripéties dynamiques des quatre amis. Que ce soit relativement peu inventif n'est pas, à cet âge-là, un véritable problème, d'autant que le scénario n'a pratiquement aucun temps mort.
Il faut cependant être bien avisé que les plus vieux n'y trouveront pas leur compte et ne souriront que quelques fois. D'autant que les thématiques abordées (la famille, l'amitié, la solitude) ne sont ni très nouvelles ni particulièrement innovatrices dans ce type de film. À moins que le véritable thème, bien plus subtil, soit celui de la collaboration entre les espèces, celui de l'entraide et de la célébration de la différence. Enfin, laissons l'analyse aux analystes...
Comme c'est souvent le cas - et il n'y a rien de mal là-dedans, même en y pensant bien -, les parents n'y trouveront que la satisfaction tacite de voir leurs enfants s'émerveiller devant les prouesses de l'animation, devant la bonne humeur contagieuse de ces personnages colorés impossibles à démoraliser pour qui chaque défi est dans l'ordre des choses.
Supérieur en tous points à son prédécesseur immédiat, moins interpellant certainement que le premier film de la franchise, L'ère de glace : L'aube des dinosaures est un divertissement honnête qui ne s'adresse qu'aux enfants. Le cliché voudrait que « ceux qui ont gardé leur coeur d'enfant » y trouvent aussi leur compte, mais honnêtement, ce n'est pas assuré.