Il y a bien des choses que je suis prête à accepter dans un film d'action destiné au divertissement. Une direction artistique relâchée, ça passe, une réalisation anonyme et bancale aussi, des acteurs incompétents, ça peut aussi être pardonnable, tout comme un scénario éclopé, mais il est impossible de fermer les yeux quand l'ensemble est aussi mal exécuté qu'il ne l'est dans Taken 3. Le second chapitre était déjà ridicule, mais on atteint des sommets élevés d'absurdité dans ce nouvel opus.
Je ne sais même pas par où commencer tellement tout est grotesque. On retrouve même dans Taken 3 des problèmes de raccords, qui est la base même d'un découpage technique réussit. Quand même des assises aussi essentielles que celles-là sont ratées, il est difficile d'éviter l'échec total, ce que, d'ailleurs, Taken 3 nous prouve aujourd'hui.
Techniquement, la caméra nerveuse - on pourra même dire épileptique - de Megaton (on dirait le nom d'un transformer) donne rapidement le tournis. Nous n'avons même pas le temps de voir ce qui se passe à l'écran tellement l'image bouge vite. Il est même parfois difficile de discerner quel personnage a été frappé et quel autre a donné le coup. Megaton, qui avait aussi réalisé Taken 2, fait figure d'amateur ici alors qu'il ne semble plus contrôler son appareil... et ses comédiens. Parce que sa direction d'acteurs est aussi largement déficiente. Liam Neeson paraît en être à ses premières armes au grand écran tellement son jeu manque de constance. Et ça va plus loin que ça encore, même sa démarche et sa fausse attitude de dur à cuire sont boiteuses et peu crédibles. Et que dire que Maggie Grace dont chacune des émotions passe par une étrange contorsion de son visage.
Scénaristiquement, la débâcle est d'autant plus vertigineuse. La réussite de Taken a été une surprise pour tout le monde, et probablement d'abord pour Luc Besson qui n'avait pas imaginé cette histoire comme du premier volet d'une longue série. Les liens qu'on tente de faire sont absurdes, les dialogues sont vides et la coïncidence et le hasard ont le dos large. Le personnage de Neeson évite souvent la mort (s'échappant généralement d'une colossale explosion), mais jamais on ne nous explique comment il s'y est pris. Les mauvais films d'action prennent au moins le temps généralement d'échafauder une excuse bidon pour démystifier une scène de catastrophe nébuleuse, mais Kamen et Besson ne s'y affairent même pas. « Il s'en sort parce que c'est un agent secret hors pair et chanceux » c'est ce dont on essaie de nous convaincre en sous-titre. C'est bien mince.
Débordant de clichés et d'inepties, Taken 3 est un désastre qu'on ne peut pardonner à Luc Besson. On a passé l'éponge sur The Family puis sur Lucy, mais impossible d'oublier le cauchemar qu'a été cet enlèvement. Espérons que le temps fera son boulot et que nous oublierons vite ce traumatisme que nous a imposé le père du transporteur.